Les services de sécurité viennent d’ouvrir des enquêtes approfondies sur des affaires de corruption touchant la compagnie aérienne nationale, Air Algérie. Celles-ci ont entraîné plusieurs cadres et hauts fonctionnaires de la compagnie dans les couloirs de la justice et dans les prisons de Koléa et d’El-Harrach.
Les enquêtes sur les scandales qui éclaboussent Air Algérie ont été menées par trois autorités judiciaires différentes…
Un chef de parti politique et un officier de l’armée impliqués
La première, le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed se penchera sur les transactions liées à l’approvisionnement de la direction de la maintenance en pièces détachées d’avions. Des transactions dans lesquelles on a constaté de multiples anomalies dans la sélection des fournisseurs et dans le processus d’attribution des marchés qui ont coûté à la compagnie d’énormes pertes en dollars.
À cela s’ajoute, au niveau du comité d’étude des prix pour l’achat de pièces détachées et de moteurs, des violations de la loi, des trous financiers colossaux et de nombreuses factures gonflées. L’enquête a aussi révélé des délits de surfacturation dont se sont rendus coupables les responsables de la base de maintenance. Le fils d’un haut responsable, l’ancien patron d’un parti politique et plusieurs cadres d’Air Algérie sont mis en causes dans le cadre de ces affaires.
Le deuxième dossier de corruption d’Air Algérie, celui relatif au cahier des charges de l’opération d’acquisition d’avions, a été déféré au tribunal de Bir Mourad Rais. Ce scandale a entraîné en prison des membres de la commission des marchés, tandis qu’un des directeurs d’Air Algérie a été empêché de voyager alors qu’il s’apprêtait à s’envoler vers Montréal.
Quant au troisième dossier, il a été confié au juge d’instruction près le tribunal militaire de Blida, car l’un des accusés est un officier supérieur de l’armée. Et selon les procédures légales en vigueur, les enquêtes complémentaires doivent se faire au niveau du juge d’instruction près le tribunal militaire de première instance.
Le plan du gouvernement pour relancer Air Algérie
Ces scandales se produisent au moment où Air Algérie patauge depuis des années dans des difficultés financières qui l’ont mise au bord de la faillite. La compagnie aérienne nationale ne doit son salut qu’à l’intervention du président de la République qui a ordonné au gouvernement de lui allouer la somme de 2 milliards de dollars sous la forme d’un prêt du Trésor public. 60 % de ce montant servira au renouvellement de la flotte aérienne d’Air Algérie au cours des trois prochaines années. Une opération d’autant plus pressante qu’on a recensé 30 avions vieux de plus de 25 ans et qu’il faut remplacer dans les plus brefs délais.
Le chef de l’État a également chargé le gouvernement et le ministère de tutelle d’élaborer un plan urgent pour améliorer la rentabilité d’Air Algérie. À cet effet, la stratégie de la compagnie à moyen terme se basera sur le renouvellement de la flotte aérienne, l’optimisation des capacités du centre de maintenance, la mise en service de la nouvelle aérogare d’Alger, la numérisation des processus administratifs et opérationnels, ainsi que la formation du personnel.
La dernière mesure en date que le président Tebboune a ordonnée consistait à renforcer la flotte d’Air Algérie par 15 nouveaux appareils en vue d’ouvrir de nouvelles lignes aériennes avec des pays africains et asiatiques.