Après deux reports ; le procès en appel de l’ancienne Ministre de la Culture, Khalida Toumi, s’est déroulé hier au tribunal de Sidi M’hamed d’Alger. Devant le juge ; l’ancienne Ministre du temps du Président Bouteflika a rejeté l’ensemble des accusations retenues à son encontre.
L’ancienne Ministre de la Culture, Khalida Toumi, est poursuivie pour des chefs d’accusation liés à la corruption. Il s’agit notamment d’« abus de fonction, dilapidation de deniers publics et octroi d’indus avantages ». Et ce, dans le cadre des manifestations culturelles Alger capitale de la culture arabe en 2007 ; le festival panafricain en 2009 ainsi que le film sur l’Émir Abdelkader en 2014.
D’après les informations rapportées par le quotidien francophone Le Soir d’Algérie ; Khalida Toumi a rejeté toutes les accusations retenues contre elle. L’ancienne Ministre n’a pas hésité à impliquer le défunt Président, Abdelaziz Bouteflika ; évoquant ses instructions pour justifier certaines décisions.
Selon elle, les manifestations culturelles dont il est question ont une dimension internationale que le juge d’instruction et le rapport d’expertise n’ont pas pris en compte. Notant, à cet effet, que l’organisation de ces manifestations est une décision de l’État et non celle de la Ministre.
Lors de son audition ; Khalida Toumi s’est défendue en donnant l’exemple de l’organisation des Jeux Méditerranéens Oran 2022. En effet, l’ancienne Ministre de la Culture a noté le fait qu’une commission nationale s’occupe de l’organisation de ces manifestations. Ajoutant que ses missions de Ministre sont distinctes des missions de présidente du comité exécutif.
Devant le juge, Khalida Toumi a aussi indiqué qu’elle n’avait pas la charge de la gestion financière et comptable de ces manifestations culturelles. Dans ce même contexte ; l’accusée a fait savoir que des comptes d’affectations spéciaux finançaient ces manifestations ; ajoutant que l’expertise ne relève aucun trou financier.
Khalida Toumi revient sur le film de l’Émir Abdelkader
Pour se défendre, l’ancienne Ministre n’a souligné l’absence du caractère pénal et criminel dans son dossier. En effet, elle a expliqué que même s’il y avait des erreurs de gestion, ce n’est pas criminel.
« Supposons que Khalida Toumi a très mal géré ; mérite-t-elle d’aller en prison ? Sachant qu’il n’y a pas de détournement » ; a lancé l’ancienne Ministre au juge.
Lors de son audition, l’ancienne Ministre est revenue sur le film de l’Émir Abdelkader en 2014. Khalida Toumi a indiqué que le projet de ce film remontait au temps du Président Boumediene. Et a aussi souligné que Bouteflika voulait avoir un travail de qualité.
« J’ai ramené un réalisateur américain et j’ai confié le travail à une société publique. J’ai quitté le Gouvernement avant le lancement du projet. Donc, je ne suis pas responsable de l’arrêt du projet », a-t-elle déclaré.
Concernant l’invitation de l’actrice Isabelle Adjani, Khalida Toumi a révélé que c’est le Président Bouteflika qui en avait fait la demande ; en décidant de lui octroyer 2 millions d’euros. L’ancienne Ministre a aussi ajouté que l’actrice avait pris 700 000 euros avant de quitter le pays après quatre jours de travail.
Corruption : Khalida Toumi lourdement condamnée en première instance
En détention depuis novembre 2019, Khalida Toumi avait été jugée en première instance en avril dernier. Le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed (Alger) avait condamné l’ancienne Ministre à une peine de six ans de prison ferme assortie d’une amende de 200 000 DA.
La justice avait aussi condamné ses coaccusés à des peines d’emprisonnement. Il s’agit de l’ancien inspecteur général du Ministère de la Culture. Qui a écopé de 4 ans de prison ferme assortie d’une amende de 200.000. Ainsi que de l’ancien directeur de la culture de la wilaya de Tlemcen. Qui a écopé de 2 ans de prison ferme, avec une amende de 100.000 DA.
D’après un membre de son collectif de défense ; la justice rendra son verdict dans le cadre de cette affaire le 6 juillet prochain.