Après plusieurs reports, le procès de l’ancienne Ministre de la Culture Khalida Toumi s’est tenu ce jeudi, 24 mars, devant le juge du Pôle pénal économique et financier du Tribunal de Sidi M’hamed à Alger.
En détention provisoire depuis novembre 2019 au niveau de l’établissement pénitentiaire de Koléa, la Ministre de la Culture du temps du défunt Président Abdelaziz Bouteflika, Khalida Toumi, est poursuivie pour des chefs d’accusation liés à la corruption, à savoir, « abus de fonction, dilapidation de deniers publics et octroi d’indus avantages ».
Lors de son audience, l’ancienne Ministre de la Culture a nié « l’ensemble des accusations retenues à son encontre » et a affirmé « avoir contesté les rapports d’expertise délivrés par l’inspection générale », soulignant que « ces rapports étaient fondés sur de mauvaises bases et de faux faits » et qu’ « ils constituaient une violation flagrante de la Constitution ».
Pour se défendre, Khalida Toumi n’a pas manqué de rajouter qu’ « en tant que Ministre, elle n’était pas concernée par les questions relatives à la gestion », selon elle, le poste de Ministre qu’elle a occupé « était un poste politique et non celui d’une gestionnaire ». Dans ce même sillage, elle a souligné « avoir toujours agi dans le cadre des lois de la République, et ce, en préservant l’argent public ».
Concernant les manifestations culturelles organisées sous sa tutelle, l’ancienne Ministre de la Culture a expliqué que « la nature de ces manifestations avait nécessité des fonds pour couvrir des services qui avaient été concrètement réalisés », rajoutant qu’ « il ne s’agissait en aucun cas de la dilapidation de deniers publics ».
Par ailleurs, Khalida Toumi s’est également défendue de l’octroi d’indus avantages et a affirmé « n’avoir conclu aucune affaire avec qui que ce soit », soulignant, encore une fois, qu’ « elle agissait dans un cadre réglementaire ». « Ce que considèrent les enquêteurs de l’inspection générale des finances comme une violation des lois est une ignorance de l’article 43 de la loi sur les marchés publics et des décisions gouvernementales et ministérielles conjointes », a-t-elle riposté.
Khalida Toumi : « Mon incarcération est une décision politique »
S’exprimant devant le juge du Pôle pénal économique et financier du Tribunal de Sidi M’hamed à Alger, l’ancienne Ministre Khalida Toumi est revenue sur sa détention provisoire et a déclaré que « son arrestation était une décision politique qui n’avait rien à voir avec la gestion du secteur de la Culture ».
En effet, Khalida Toumi a révélé que « la raison derrière son arrestation était la position politique qu’elle avait affichée alors qu’elle était Ministre », rajoutant que « sa réputation avait été entachée suite à son arrestation en compagnie de Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT) ».
Khalida Toumi a saisi l’occasion pour déclarer qu’ « elle n’avait jamais appartenu à la « Issaba » », soulignant le fait qu’ « elle avait combattu les dérives » et qu’ « elle avait quitté le Gouvernement en 2014, à sa propre demande, et ce, après avoir constaté, avec conviction, que le défunt Président était absent ».
L’ancienne Ministre a revendiqué l’abandon de l’ensemble des chefs d’accusation retenus à son encontre et a rappelé le fait qu’ « elle était en détention provisoire depuis 28 mois, sous prétexte qu’elle était une détenue politique ».
Il convient de rappeler que l’ensemble des demandes de mise en liberté introduites par la défense de Khalida Toumi ont été rejetées pas la Cour d’Alger.
Khalida Toumi s’exprime au sujet du film de l’Émir Abdelkader
Dans ce même sillage, notons que le financement du film de l’Émir Abdelkader a été abordé lors du procès de l’ancienne Ministre de la Culture. En effet, Khalida Toumi a révélé que « le film avait été financé par le biais d’une redevance sur l’édition spéciale », et qu’ « une partie des revenus avait été affectées à son développement et à sa préparation »,
L’ancienne Ministre a également noté que « les dépenses avaient été approuvées par le comptable agréé qui avait fixé la date officielle du début du tournage au 04/07/2014 », soulignant « avoir quitté le Ministère à la date de 05/05/2014, soit trois mois avant la date fixée pour le début du tournage ».
Par ailleurs, Khalida Toumi n’a pas manqué de souligner que « ses conditions sociales et de vie étaient modestes », et qu’ « elle avait fait preuve d’intégrité et d’honnêteté dans l’accomplissement de ses missions au cours de ses 12 ans de service à la tête du secteur de la Culture ».