Les autorités chinoises ont lancé une enquête sur le groupe pharmaceutique français Sanofi soupçonné, suite aux révélations d’un journal chinois jeudi, d’avoir corrompu plus de 500 médecins en Chine pour doper ses ventes de médicaments.
Le groupe pharmaceutique français Sanofi est dans le viseur des autorités chinoises. D’après un journal chinois, des soupçons de corruption pèsent sur l’entreprise qui aurait distribué en 2007 environ 1,7 millions de yuans, soit 208 000 euros, à plus de 500 médecins pour les inciter à augmenter leurs prescriptions de médicaments. Ces pots-de-vin auraient été versés sous le nom de « frais à titre de recherche » à 503 médecins et 79 hôpitaux à Pékin, Shanghai, Hangzhou et Canton.
Les autorités chinoises ont donc ouvert une enquête, rapporte samedi 10 août l’agence officielle Chine nouvelle, qui cite un responsable des autorités sanitaires. Les enquêteurs vont étudier des documents portant sur différents programmes de recherche, y compris des listes de patients et des dossiers médicaux.
Sanofi ne s’explique pas pour le moment
Sanofi avait déclaré jeudi prendre « très au sérieux » les allégations du journal chinois, le quotidien économique « 21st Century Business Herald », qui tire ses informations d’un « lanceur d’alerte » anonyme. Le groupe pharmaceutique avait alors expliqué avoir eu connaissance de ces informations mais ajouté qu’il était trop tôt pour s’expliquer sur des événements remontant à il y a six ans. Sanofi avait néanmoins assuré ne tolérer aucune pratique contraire à l’éthique et avoir « mis en place des procédures afin d’examiner et de répondre à ces questions ».
Le groupe français n’est pas le seul visé par la justice chinoise, qui a multiplié ces derniers mois les enquêtes sur des soupçons de corruption visant des entreprises étrangères. Dans le secteur pharmaceutique, le britannique GlaxoSmithKline (GSK) est pour l’instant le premier concerné.
Vers un contrôle plus strict des politiques commerciales des groupes pharmaceutiques
Les autorités chinoises l’accusent d’avoir soudoyé des fonctionnaires, des firmes du secteur pharmaceutique, ainsi que des hôpitaux et des médecins pour doper ses ventes de médicaments. Près de 500 millions de dollars auraient été versés en pots-de-vin par des employés de GSK par l’intermédiaire d’agences de voyages et de projets de sponsoring, selon la police chinoise, qui a interpellé au moins 20 personnes dans cette affaire, dont quatre cadres du groupe.
Plusieurs autres laboratoires, comme le danois Novo Nordisk, l’anglo-suédois AstraZeneca, l’américain Eli Lilly & Co et le belge UCB ont déclaré récemment que les autorités chinoises avaient inspecté certains de leurs locaux en Chine. Pour les analystes, ces procédures pourraient ouvrir la voie à la mise en œuvre par Pékin d’un contrôle plus strict des politiques commerciales des groupes pharmaceutiques.