Corse : vive tension après des heurts intercommunautaires près de Sisco

Corse : vive tension après des heurts intercommunautaires près de Sisco

Une « violente rixe », selon les mots du ministère de l’intérieur, est survenue dans la soirée du samedi 13 août dans une crique du Cap corse, à la sortie de Sisco (Haute-Corse), une petite station balnéaire située à une douzaine de kilomètres au nord de Bastia.

« Quatre personnes blessées, dont une femme enceinte, ont été évacuées vers le centre hospitalier de Bastia. Leur pronostic vital n’est pas engagé. Trois véhicules ont été incendiés, provoquant de fortes perturbations de la circulation et un début de feu de végétation rapidement circonscrit », a précisé M. Cazeneuve, dans un communiqué diffusé dans la nuit de samedi à dimanche. La rixe a pris fin grâce à l’intervention d’une centaine de policiers et gendarmes, a précisé le ministère de l’intérieur.

Plusieurs centaines de personnes se sont réunies, dimanche matin, devant la mairie de Bastia puis la préfecture de la Haute-Corse, pour protester après les débordements survenus la veille. Les protestataires ont dénoncé une « agression caractérisée » contre plusieurs enfants du village de Sisco qui se baignaient sur cette petite plage, avant d’être reçus en urgence par le secrétaire général de la préfecture de la Haute-Corse. Faute de réponse « satisfaisante » selon elles, plusieurs dizaines de personnes ont pris la direction de Lupino, un quartier populaire situé au sud de Bastia, où réside une importante communauté musulmane et dont sont issus les protagonistes de la rixe de la veille.



Deux flèches de fusil-harpon

A l’origine des heurts, selon les premiers témoignages recueillis, une vive altercation a d’abord opposé plusieurs familles musulmanes résidant au quartier de Lupino à des touristes venus passer du temps dans la crique de Sisco. Les premiers ont accusé les vacanciers de prendre en photo leurs épouses, « voilées » selon des témoins, ce qui a provoqué des échanges musclés. Un adolescent du village de Sisco a ensuite à son tour été accusé d’avoir pris des clichés et des vidéos de la scène, et a été rossé. Après « des jets de cailloux et de bouteilles de part et d’autre », plusieurs parents du village appelés à la rescousse par leurs enfants se sont précipités sur place.

L’un d’eux, d’origine tchèque mais résidant de longue date à Sisco, a reçu deux flèches de fusil-harpon tandis que son propre fils était battu. Ces deux personnes étaient, dimanche, toujours surveillées au centre hospitalier de Bastia en raison de leurs blessures. De source judiciaire, leurs jours ne seraient pas « en danger ».

Entre-temps, d’importantes forces de police et de gendarmerie convergeaient vers la petite plage tandis que les habitants de Sisco prenaient à partie les trois familles musulmanes, protégées par un cordon des forces de l’ordre. Deux des pères issus de ces familles ont été blessés pendant ces échauffourées. L’un d’eux s’est vu délivrer une ITT de dix jours avant de quitter le centre hospitalier de Bastia, dimanche. Alors que la tension est à son comble à Bastia et que l’on redoute des heurts intracommunautaires, l’enquête a été confiée à la Section de recherches de la gendarmerie.