Il n’est un secret pour personne que la corruption se niche dans la mal-gestion des projets financés par l’état. Ce constat vient d’être confirmé par le dernier rapport de la Cour des comptes. Ce rapport d’appréciation de l’exécution du budget au titre de l’exercice 2019, met le doigt sur des fuites financières colossales, dues principalement à la réévaluation des projets d’équipement public.
Le rapport fait suite aux dernières déclarations du premier ministre, Aimene Benabderrahmane, qui, en septembre dernier, a fait savoir qu’entre 2000 et 2005, les opérations de réévaluation des projets d’équipements publics ont coûté à l’État près de 9.000 milliards de dinars.
Le rapport de la cour des comptes, quant à lui, souligne que 282,16 milliards de dinars, sur un total de sur les 2 601 milliards de dinars inscrits au chapitre de l’autorisation de programme, ont été consacrés en 2019 à la réévaluation des anciens projets antérieurs.
La cour des comptes a notamment dénoncé «des retards dans le lancement des projets et des reports successifs des échéances de réalisation, des réévaluations importantes des autorisations de programme (AP) ainsi que le gel et l’abandon de plusieurs projets d’investissement»
Les chiffres effarants de la cour de comptes
Les révélations de la cour des comptes sont scandaleuses. Certains projets ont été réévalués à plus de 900 % de leur cout de réalisation initial, parfois avant même le début de leur exécution. Le rapport de la cour des comptes n’a pas tari d’exemple, il affirme que le projet de transfert d’eau du barrage Malague aux wilayas de El-Tarf, Tébessa et de Souk Ahras, a été réévalué de 9,700 milliards de dinars à 97 milliards, soit un taux de 900%. Un chiffre irréel.
Outre ce projet à la réévaluation faramineuse, le rapport des magistrats financiers, dévoile que projet du confortement du barrage Cheurfas dans la wilaya de Mascara, dont le cout initial était de 1 500 milliards de dinars, a été réévalué à 3 850 milliards, soit à plus de 157%.
Plus grave, plusieurs opérations ont connu des réévaluations avant même que leur réalisation ne soit entamée, fait savoir le rapport de la cour des comptes. C’est le cas notamment de 19 projets dans la wilaya d’Oran. Ces Autorisations de Projets passent donc, après réévaluation, de 1 247 milliards à 2 626 milliards de dinars, soit une augmentation de 111%.
Le même rapport met le doigt sur des écarts effarants entre les coûts fixés par les décisions d’autorisation de programme et les coûts réels. « Plusieurs projets ont été clôturés avec des écarts considérables entre les coûts fixés par les décisions de programme et les coûts réels, ce qui renseigne sur les faiblesses des études et l’absence de justification des réévaluations demandées », affirme la cour des comptes. Le même rapport a également souligné «déficiences dans l’expression des besoins et dans la programmation des projets d’investissement».