Alors que la 4ᵉ vague reste un risque auquel il faut se préparer, les Algériens font preuve d’une réticence de plus en plus grandissante envers les vaccins contre le Covid-19. Ce constat inquiet au plus haut point les spécialistes, et à leur tête le Pr Belhadj.
Il s’agit du directeur des activités médicales et paramédicales au CHU Mustapha, le Pr Kamel Belhadj a vu, lors de la troisième vague, ce que le virus est capable de faire. Aujourd’hui, lors de son passage sur les ondes de la radio nationale, le médecin spécialiste fait part de son inquiétude et livre un constat pour le moins démoralisant.
L’immunité collective, ce n’est pas pour demain
Pour Le Pr Belhadj, l’Algérie est encore loin de pouvoir prétendre à l’immunité collective. Il a notamment confié que dans le contexte actuel, il est difficile de vacciner les 30 à 35 millions des citoyens. Selon lui, « À ce rythme-là, nous ne pourrons jamais atteindre l’objectif de vacciner 30 à 35 millions d’Algériens d’ici le mois de décembre », déplore-t-il.
Le professeur regrette notamment le relâchement concernant les mesures de prévention, mais surtout la baisse d’engouement pour la vaccination. Kamel Belhadj s’interroge à juste titre : « lorsqu’il y a plus de cas, plus de décès et plus d’angoisse, les gens vont aller se faire vacciner. Maintenant, nous sommes dans une situation d’accalmie, avec moins de décès, moins de cas et moins de personnes hospitalisées, on est à une vitesse très faible de vaccination ».
Un constat illogique, et contraire à tous les appels lancés par les spécialistes depuis le début de la campagne de vaccination. Malgré cela, le professeur Belhadj, conscient du danger que représente la quatrième vague, refuse d’admettre la fatalité. Il assure qu’il « ne faut pas baisser les bras, mais continuer à sensibiliser la population ».
Des chiffres démoralisants
« Nous avons deux millions d’étudiants, moins de 4% d’entre eux sont vaccinés », déplore le Pr Belhadj. Pour lui, ce chiffre indique la gravité du risque, et met à nu l’inefficacité des campagnes de sensibilisation. Le danger, confie-t-il « se situe dans les secteurs où il y a des masses de personnels ». Dans le cas des universités par exemple, « les étudiants en médecine sont en contact avec les patients dans les hôpitaux ».
Alors que le président Tebboune a déclaré avant-hier que l’obligation de la vaccination n’était pas envisageable, voila que le Pr Belhadj livre une toute autre analyse. Pour ce spécialiste, « l’obligation de la vaccination pour les personnels de santé ou l’instauration du pass sanitaire pour certains secteurs sensibles » ne sont pas à exclure. Cela « est en vigueur même dans les pays les plus démocratiques », argue-t-il.
Pour conclure, le Pr Belhadj a dénoncé certains agissements dans les rangs du personnel de santé. Le professeur a déclaré que « ce n’est pas étique, ni déontologique, que des gens qui ont refusé le vaccin, demandent maintenant à se faire administrer un vaccin précis pour pouvoir faire leurs démarches de visa ».