Le Professeur Mohamed Chakali, spécialiste en psychiatrie, est revenu sur les séquelles et les retombées psychologiques de la pandémie du Coronavirus (Covid-19), notamment sur le lien de causalité entre le confinement et l’atteinte psychique.
Dans un entretien accordé à nos confrères de Liberté, le Professeur Mohamed Chakali, spécialiste en psychiatrie, a expliqué qu’ « après chaque épidémie, marquée pas l’augmentation des cas de contaminations, s’ensuit une vague psychosociale », rajoutant que « cette pandémie a aussi un impact psychologique dû à des raisons sociales, économiques et politiques ».
Dans ce même sens, le Professeur Chakali a souligné que « l’Algérie dispose d’un capital humain bien formé pour la prise en charge psychologique et psychiatrique », notant que « le secteur de la Santé compte plus de 1200 psychologues ».
En effet, il a fait savoir qu’ « en avril 2020, une note de service avait été envoyée aux directeurs de wilayas de la santé (DSP) leur demandant de recenser tous les spécialistes activant dans la santé mentale, aussi bien ceux des secteurs public et privé ».
Interrogé sur les retombées psychologiques de la pandémie du Coronavirus (Covid-19), le spécialiste en psychiatrie a indiqué qu’ « une prise en charge sur le long terme s’impose après chaque catastrophe », et qu’ « après la pandémie, 80 % de la population reprendra la vie normalement, tandis que les 20 % restant seront très affectés ».
« Cependant, il y aura un pourcentage estimé entre 1 et 5% de la population qui sera complétement affecté sur le plan mental. Ce constat est démontré à travers plusieurs études mondialement connues. Il y a des personnes qui, pour des raisons de fragilité personnelle, sont fortement affectées au plan psychologique ou psychiatrique après la perte d’un parent ou d’un proche », a-t-il encore expliqué.
« La souffrance mentale a augmenté avec l’avènement du Coronavirus et le confinement »
Au cours de cet entretien, le spécialiste de la santé mentale a révélé que « la souffrance mentale a augmenté avec l’avènement de la pandémie du Coronavirus et l’entrée en vigueur des mesures de confinement ». Pour le Professeur Chakali, « le lien de cause à effet entre le confinement et l’atteinte psychique est évident et a été confirmé », et aucune étude ne risque de démontrer l’inverse.
« Nous citerons à ce propos les deuils, ou plutôt les mauvais deuils, c’est-à-dire ceux appelés deuils pathologiques dans le jargon de la santé mentale. Ces deuils se répercuteraient inévitablement sur la personne, mais pas à effet immédiat, parce que ces mêmes personnes qui ont perdu un des leurs à cause de la Covid n’ont pas fait leur deuil normalement, et ce, en raison du risque de contamination et de mourir du Covid », a-t-il détaillé.
S’agissant de l’impact psychologique de la pandémie sur les personnels de la Santé, le même spécialiste a indiqué que « des spécialistes en santé mentale s’occuperont du personnel soignant qui est sur le front de lutte contre le Coronavirus ».
Concernant le cas des enfants, Professeur Chakali a expliqué qu’il s’agit d’un « cas particulier », car pour les enfants, « il y a le risque des écrans mais aussi l’éloignement des bancs scolaires pendant de longs mois, sans contact et sans échange extérieur ».
« Ces circonstances vont les marquer à vie ! Les enfants ont vécu une période étrange qui est tout à fait inhabituelle. Ils sont restés privés de jeux et de moyens de divertissement durant toute la période de pandémie, alors que l’enfant a besoin par définition de sortir et d’aller jouer avec ses copains », a-t-il indiqué en rajoutant qu’ « il existe des services dédiés à la prise en charge des enfants ».