Le renforcement des prérogatives des services de renseignements, en matière de lutte antiterroriste, à la lumière de la conjoncture sécuritaire mondiale, et le renforcement du cadre juridique de ces services et des libertés, ne sont pas forcément antagonistes.
Il ne s’agit pas d’accorder des pouvoirs exorbitants à une structure de souveraineté et de surcroît vitale, mais de permettre au pays de faire face aux défis sécuritaires nombreux et complexes.
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont multiplié les textes d’exception afin d’accroître considérablement les prérogatives de leurs services de renseignement, au point où, au regard du droit américain, l’espionnage de la France par l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) est qualifié de légal par les américains.
La France qui s’interdit, du moins officiellement, ces pratiques, a engagé, il y a quelques années, un débat sur les services de renseignements de ce pays. Le gouvernement français a dévoilé en mars 2015, un projet de loi qui renforce les pouvoirs des services de renseignements, après l’attentat terroriste contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo.
L’Angleterre a annoncé en mai 2015 une loi pour le renforcement des pouvoirs de ses services de renseignements. Ces lois sont accompagnées par un débat sur la nécessité de respecter les libertés.
La demande de respecter les libertés est primordiale. Le débat dans ces pays est organisé de sorte à concilier le renforcement des prérogatives des services de renseignements et le respect des libertés.
La menace représentée par le terrorisme nécessite le renforcement des prérogatives des services de renseignements, à condition que ce ne se soit pas au détriment des libertés et de la démocratie. Dans ces pays, un débat est organisé au Parlement.
En Algérie, des changements importants au sein du DRS ont été décidés dans le sillage de l’amendement de la Constitution qui garantit désormais plus de transparence dans la gestion des institutions et surtout renforce le principe de l’Etat de droit.
La création de la Direction des services de sécurité (DSS) s’inscrit dans cette optique avec en toile de fond, la poursuite de la lutte antiterroriste avec des moyens encore plus modernes. La sécurité du pays, menacé notamment par Daech en Libye, Al Qaida au Mali, nécessitait aussi une orientation et la « restructuration » du DRS.
La radicalisation qui est l’une des menaces sur le continent africain, tant elle se nourrit de la misère, réclame à la fois des politiques concertées et des actions de services de renseignements comme la DSS ayant l’expérience et la logistique.
Sous la coupe de la DSS, les services de renseignements algériens feront preuve de cohésion et de plus d’efficacité, selon bon nombre d’observateurs tant le niveau atteint par les cadres du DRS et leur notoriété sur le plan international nécessitait la création d’une structure qui canaliserait toutes ses compétences en les dotant des moyens et d’une rapidité de décision.
« Le DRS, qui a grandement contribué à la lutte contre la radicalisation dans l’Afrique du Nord, avait besoin d passer à la vitesse supérieure avec une réorganisation qui lui conférait plus de moyens, plus de visibilité et surtout lui garantissait des actions sans obstacles bureaucratique ou humain », a-t-on estimé au sein de ce service.