Création d’un mécanisme africain pour résoudre le conflit sahraoui: L’UA “piège” le Maroc

Création d’un mécanisme africain pour résoudre le conflit sahraoui: L’UA “piège” le Maroc

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Le royaume, qui avait adhéré à l’Union africaine avec comme arrière-pensée d’en bouter la République sahraouie, voit son diabolique projet partir en fumée.

Tel est pris qui croyait prendre. Le royaume qui avait adhéré à l’Union africaine avec comme arrière-pensée d’en bouter la République sahraouie, voit son diabolique projet partir en fumée. Ce n’est pourtant pas faute de l’avoir crié sur les toits. «Aucun règlement de l’affaire du Sahara occidental n’est possible en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara, et en dehors de l’Initiative d’autonomie…», avait déclaré le souverain marocain lors de son discours prononcé le 6 novembre 2017 à l’occasion de la célébration du 42ème anniversaire de l’annexion du Sahara occidental. Mohammed VI devra changer son fusil d’épaule contre son gré. Certes ce n’est pas sur un claquement des doigts, voire de condamnations qu’il virera de bord pour que soit enfin démantelée la dernière colonie d’Afrique qu’il a fait sienne. Il n’y a qu’à voir comment il tente de contourner les décisions de la Cour de justice européenne à propos des accords agricoles et de pêche qui le lient à l’Union européenne.

Ses arrêts, qui ont souligné que le Sahara occidental est un territoire distinct du Maroc, n’ont pas empêché le monarque alaouite de s’y comporter en maître absolu. Cette fois -ci et pour la première fois, l’Afrique affiche sa volonté d’en finir avec ce bastion du colonialisme qui porte préjudice à son image.

L’UA a décidé de mettre en place un mécanisme qui lui permettrait de s’impliquer dans la recherche d’une solution pour mettre fin au conflit qui oppose le Maroc au Front Polisario. Une initiative qui revêt un caractère historique. «Cette décision historique vient pour réaffirmer l’attachement de l’Union africaine aux droits du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance», a déclaré le chef de la diplomatie sahraouie Mohamed Salem Ould Salek. Au-delà de cette portée symbolique, elle intervient dans le sillage de la tournée de l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental, Horst Kohler, dans la région.

Un moment «fort» de ce 31ème Sommet de l’UA. Un soutien aux efforts du représentant personnel de l’Onu pour le Sahara occidental basé sur les résolutions du Conseil de sécurité qui ont exhorté le Maroc et le Front Polisario à reprendre des négociations directes sans délais, de bonne foi et sans conditions préalables, pour parvenir à une solution politique juste et durable, et mutuellement acceptable qui pourvoit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. «Le conflit du Sahara occidental n’a que trop duré, note le rapport.

Cette situation est entrée dans une phase où, au-delà de ses effets négatifs bien connus au niveau de la région (…), elle menace aussi le fonctionnement de l’UA et fait obstacle à la mise en oeuvre de son agenda. Un tel état de fait ne peut être toléré», souligne le rapport du président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, destiné à relancer le processus de paix entre le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique.

Le Maroc s’est-il senti visé? Probablement. Les événements l’attestent. Il a tenté à plusieurs reprises de semer la zizanie. Lors du 4ème Sommet arabo-africain qui s’est tenu du 22 au 24 novembre 2016 à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale, le Maroc avait annoncé avec fracas son retrait, après avoir vu l’emblème sahraoui trôner à l’occasion de cet événement. «Un drapeau de l’entité fantoche (la République sahraouie, ndlr) a été installé à l’intérieur des salles de réunion», avait indiqué le ministère marocain des Affaires étrangères dans un communiqué, tentant de rallier à sa position d’autres participants.

«Dans ce forum, qui regroupe une soixantaine de pays, sept se sont retirés. Mais 54 pays africains et les 2/3 de la Ligue arabe étaient présents.» avait précisé Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, à l’époque, qui avait représenté le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Pas de réaction du côté marocain qui fait contre mauvaise fortune bon coeur. Certains observateurs n’ont pas hésité à qualifier cette initiative de l’UA de «défaite cinglante» pour Rabat, soulignant que la question du Sahara occidental est inscrite à l’ordre du jour du sommet, pour la première fois, comme un point «à part et séparé».

Le processus de démantèlement du dernier bastion du colonialisme en Afrique vient, probablement, de débuter…