Les promoteurs de microentreprises bénéficiaires de crédits Ansej, Cnac et Angem, n’ayant pas remboursé leurs dettes, sont enfin rassurés. Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale Tidjani Hassan Haddam leur a, en effet, annoncé le gel provisoire des poursuites judiciaires entamées, à l’exclusion de ceux qui ont vendu leur matériel.
«Par contre, cette mesure ne concerne pas les promoteurs qui ont vendu leur matériel », a précisé le ministre, à l’issue de sa rencontre hier en son siège avec les responsables des associations agréées, représentant les promoteurs des microentreprises. Certains de ces derniers, appelés auparavant à prendre la parole, n’ont pas hésité tour à tour à déballer les préoccupations des jeunes promoteurs et de demander en substance l’effacement de leur dette, arguant que le défaut de remboursement des crédits a plusieurs raisons qu’ils considèrent « tout à fait légitimes ». Mettant en exergue notamment que des centaines de promoteurs « se sont retrouvés livrés à eux-mêmes, faute d’accompagnement des organismes bailleurs de fonds, alors que le règlement en vigueur exige de ces derniers de les assister dans leur démarche pour mener à terme leur projet. D’autres intervenants n’ont pas caché leur grand désarroi. « Comment voulez-vous que le promoteur règle ses dettes sans avoir de marché public alors que les dispositions de l’article 87 du code des donneurs d’ordres (notamment les walis) accorde à la micro-entreprise, soumissionnaire d’un marché public, un avantage de 20% par rapport aux autres soumissionnaires. Autrement dit, sans l’octroi d’un plan de charges, les promoteurs se retrouvent très vite en faillite et, par voie de conséquence, dans l’impossibilité absolu d’honorer leurs dettes ». Un représentant de l’Association des promoteurs de la wilaya de Tizi Ouzou s’est dit « outré par le fait que la Casnos décide d’augmenter la cotisation des jeunes promoteurs en phase de démarrage d’activité ». « N’est-ce pas là une décision irréfléchie car pouvant mener le promoteur à l’asphyxie ? », s’est-il offusqué. Autre raison évoqué, la triche des fournisseurs d’équipements. Selon des intervenants, « non seulement les fournisseurs n’hésitent pas à gonfler leur facture, mais ils fourguent du matériel de très mauvaise qualité mettant ainsi à rude épreuve les acquéreurs. Ceux-là même pressés de mettre à profit leur matériel et ainsi faire recette ». Un autre n’a pas caché son indignation devant les résultats annoncés par la tutelle sur la réussite des jeunes promoteurs, jugeant avec beaucoup de stupéfaction « les 80% de taux de réussite ». « Un pourcentage de plus erroné car, en réalité, c’est l’inverse qui s’est produit. Sur 1 300 000 micro-entreprises créées dans le cadre des dispotifs Ansej et Cnac, je peux avancer que 90% ne s’en sortent plus. Il est temps que les responsables des organismes, parties prenantes, se rendent à l’évidence qu’il va falloir faire un sérieux diagnostic pour, du moins, arriver à changer la donne », a-t-il préconisé. Le représentant de la wilaya de Bouira a, pour sa part, indiqué : « Quand 60% des jeunes promoteurs bénéficiaires de crédit n’ont aucune qualification, il en résulte forcément un taux d’échec élevé. C’est pourquoi, il est urgent de revoir méticuleusement le process de création de micro-entreprises. » Prenant la parole, le ministre a déclaré qu’il prenait acte des préoccupations qui lui ont été faites « mais tout ce que je peux vous assurer c’est d’effectuer une évaluation du dispositif en toute transparence ». Et d’annoncer dans ce sens :
« Nous allons apporter les correctifs nécessaires par le biais d’un audit approfondi.» M. Tidjani Hassen Haddam a, enfin, annoncé aux présents que le Premier ministre a décidé de céder les locaux commerciaux des nouvelles cités d’habitation aux jeunes promoteurs, selon des échéanciers de paiement très intéressants.
« Un comité de suivi de l’opération a été installé », a soutenu le ministre. Il a indiqué, et toujours sur décision du chef de l’exécutif, que 250 000 hectares de terres agricoles seront réservés aux jeunes désireux de s’investir dans l’agriculture à raison de 20 hectares par postulant.<