ALGÉRIE – EMIRATS – La crise diplomatique entre l’Algérie et les Émirats arabes unis prend une nouvelle dimension. Alors que les divergences sur le dossier malien exacerbent les tensions, le ministère de la Justice a enjoint aux notaires de suspendre la conclusion de contrats avec la United Tobacco Company et la Société algéro-emiratie de Tabac.
La chambre nationale des notaires a été informée de cette directive la semaine dernière (janvier 2024). Celle-ci demande aux présidents des chambres régionales d’interdire le conclusion de tout contrat ou transaction avec les deux sociétés mixtes (STAEM et UTC), que ce soit avec des personnes morales ou physiques.
Cette consigne fait suite aux plaintes des autorités algériennes à l’encontre de la partie émiratie pour non-respect de l’accord signé en 2005. Selon ce dernier, les Émiratis devaient développer les capacités de la société de tabac et faire de l’Algérie un exportateur de produits tabagiques vers l’Europe et l’Afrique.
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Cependant, ces engagements n’ont jamais été respectés, suscitant des soupçons de détournement de millions de dollars à l’étanger dans le secteur du tabac, avec des pertes qui se chiffrent en milliards pour l’Algérie sur plus de deux décennies.
Pour rappel, en 2008, les investissements émiratis en Algérie devaient dépasser 50 milliards de dollars sur cinq ans selon les déclarations du ministre de l’Economie émirati de l’époque, Soltane Ben Saïd Al Mansour. Mais, après plus de dix ans, ils n’ont atteint que 5 milliards de dollars.
Retour sur la création de la STAEM sous Bouteflika
Par ailleurs, des relations suspectes entre un homme d’affaires émirati et un conseiller personnel de l’ancien président Bouteflika ont été découvertes pendant le règne de ce dernier.
Les soupçons ont émergé en 2004 après le démantèlement de l’ex-Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA), pourtant fort rentable, pour créer la Société algéro-émiratie de tabac (STAEM).
Initialement, la société nationale détenait 49 %, l’investisseur émirati 49 %, et 2 % appartenaient à une société du ministère des finances algérien. Cependant, la partie émiratie a manipulé les contrats pour devenir majoritaire avec 51 %, ce qui lui a permis de piller les fonds publics.
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La décision du ministère de la Justice soulève des interrogations quant à la volonté du gouvernement algérien de se libérer de sa dépendance aux Émirats dans le secteur du tabac. Face à l’accroissement des tensions, il est légitime de se demander jusqu’où pourrait aller la crise entre les deux pays.
L’Algérie prendra-t-elle d’autres décisions plus fermes à l’encotre de ce qu’elle a qualifié de « pays arabe frère » aux « agissement hostiles ».