Depuis plusieurs mois, de vives tensions diplomatiques animent les relations entre Alger et Madrid. Cette crise est intervenue suite au changement de position du Gouvernement espagnol concernant le dossier Sahraoui, une position en faveur du projet d’autonomie marocain pour le Sahara occidental.
Le climat tendu et glacial entre l’Algérie et l’Espagne a eu d’importantes répercussions sur le dossier lié au transfert du gaz naturel algérien vers l’Espagne. D’ailleurs, cette crise intervient au moment où les pays de l’Union européenne font face aux craintes d’une pénurie de gaz sans précédant à cause du conflit russo-ukrainien, notamment avec l’approche de la saison hivernale.
Pour éviter un dramatique scénario énergétique, certains pays tentent de trouver des alternatives au gaz russe, à l’instar de l’Italie qui a décidé de franchir le pas et d’augmenter ses importations de gaz naturel algérien. Cet été, Alger et Rome ont signé plusieurs accords portant sur l’approvisionnement en gaz et ont réaffirmé la solidité de leurs relations bilatérales marquées par l’amitié.
Outre l’Italie, une autre puissance européenne semble se tourner vers le gaz naturel algérien, il s’agit de la France. Bien que le gaz n’ait pas été au centre de la récente visite d’Emmanuel Macron en Algérie, car Paris a déjà sécurisé ses stocks pour l’hiver 2023, les deux pays négocient des contrats gaziers sur le moyen et long terme.
Au bord du gouffre, Pedro Sanchez souhaite se rendre en Algérie
Alors que l’Algérie a renoué et renforcé ses relations avec la France et l’Italie, l’Espagne se retrouve au pied du mur à cause de la crise diplomatique entre Alger et Madrid suite à la position exprimée par les autorités espagnoles concernant le Sahara occidental.
Inspiré par le franc succès de la visite du Président français, Emmanuel Macron, en Algérie le week-end dernier, le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a exprimé son souhait de se rendre en Algérie.
S’exprimant hier au cours d’une réunion sur la question de l’énergie tenue à Berlin (Allemagne) en présence du chancelier allemand, Olaf Scholz, Pedro Sanchez a fait part de son envie d’être celui qu’on désignerait pour le déplacement à Alger.
« J’aimerais être celui qui ira en Algérie », a répondu le président du gouvernement espagnol sur une question visant à savoir si lui ou le chancelier allemand prévoyait de se rendre en Algérie.
C’est donc sur fond de chaos énergétique en Europe que les craintes de l’Espagne concernant l’approvisionnement en gaz se multiplient, en particulier avec l’arrivée de l’hiver et l’absence de nouveaux contrats avec l’Algérie. D’ailleurs, c’est la raison qui pousse Madrid à faire les yeux doux à Alger dans l’espoir de renouer les relations.
Pour rappel, la semaine passée, la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, avait affirmé que « l’Espagne aura toujours de magnifiques relations avec l’Algérie ainsi qu’avec le Maroc ». Rajoutant que « l’engagement de l’Espagne est d’être un pays leader, capable de défendre la coexistence et la tolérance ».
Toutefois, l’Algérie reste catégorique, la seule condition pour que les relations entre les deux pays reprennent leur cours est que l’Espagne renonce à sa reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental.
La Russie suspend, de nouveau, ses livraisons de gaz pour l’Europe
Dans ce même contexte, il convient aussi de rappeler que le géant gazier russe Gazprom a « entièrement » suspendu ses livraisons de gaz vers l’Europe via le gazoduc Nord Stream, afin d’entreprendre des travaux de maintenance devant durer trois jours.
Le bras de fer entre Moscou et les capitales occidentales se poursuit. Ces dernières l’accusent d’utiliser le gaz « comme une arme de guerre » affirmant que ces travaux de maintenance n’ont aucune justification sur le plan technique.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie a réduit de près de 80 % ses livraisons de gaz via Nord Stream vers l’Europe. Ce mercredi, Gazprom a suspendu la livraison des 20 % restant, laissant ainsi le flux atteindre le seuil du zéro.
Avec l’arrivée de l’hiver, les pays de l’Union européenne redoutent la menace de pénuries de gaz, notamment face à la hausse des prix de l’électricité qui ont atteint de nouveaux records ces derniers temps, faisant exploser les factures de consommation.