CRISE ALGÉRIE – MAROC : une politologue marocaine évoque le risque d’une « déflagration militaire »

CRISE ALGÉRIE – MAROC : une politologue marocaine évoque le risque d’une « déflagration militaire »

ALGÉRIE – MAROC | Conflits diplomatiques, échange d’accusations, course à l’armement… la crise entre l’Algérie et le Maroc, qui dure depuis presque 3 ans, a rarement atteint un seuil aussi critique et la possibilité d’une issue favorable n’a jamais semblé aussi loin.

D’ailleurs, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a déclaré en mars dernier, dans une interview accordée à la chaîne Al Jazeera, que les relations entre les deux pays avaient atteint « le point de non-retour ».

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De plus, le rapprochement entre le Maroc et Israël, avec comme base une large coopération militaire, d’une part, et les multiples scandales de corruption et d’espionnage qui ont ébranlé le royaume chérifien, d’autre part, ont fait en sorte que l’Algérie se montre extrêmement méfiante à l’égard des agissements de son voisin.

Ce conflit, tantôt latent, tantôt ouvert, fait craindre le pire aux analystes. Certains vont même jusqu’à penser qu' »une guerre au Maghreb n’est plus à exclure ». Il s’agit là de ce qu’a affirmé la politologue et enseignante chercheuse spécialiste du Maghreb, Khadija Mohsen-Finan, au journal français, Le Figaro.

Pour la politologue marocaine, l’aide d’Israël « peut changer la donne dans la rivalité qui oppose le Maroc et l’Algérie »

Ainsi donc, Khadija Mohsen-Finan a évoqué le risque du déclenchement d’un conflit armé entre les deux pays voisins, surtout en vue du soutien stratégique et militaire que l’État hébreu apporte au Maroc depuis peu.

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À la question du journaliste du Figaro qui se demande si on assiste à un « big-bang géostratégique au Maghreb ? », la politologue marocaine répond : « Les accords d’Abraham (traités de paix entre Israël, d’une part, et les Émirats arabes unis et Bahreïn, d’autre part, NDLR) ont introduit un acteur supplémentaire : Israël.

Elle poursuit : « Son aide stratégique (celle d’Israël) peut changer la donne dans la rivalité qui oppose le Maroc et l’Algérie. Elle comporte des transferts de technologie qui aident le Maroc à devenir une puissance régionale. »

Khadija Mohsen-Finan (Politologue, Enseignant-Chercheur, Spécialiste du Maghreb & du Monde Arabe)

La politologue, Khadija Mohsen-Finan. Iremmo

En ce qui concerne le risque de voir la rivalité entre les deux pays dégénérer en conflit armé, elle analyse : « Les achats disproportionnés d’armes de part et d’autre de la frontière par rapport à la menace sont l’indicateur de la montée des tensions. La volonté d’ériger le voisin en ennemi fait craindre une déflagration militaire. »

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S’agissant de la question de savoir si le contentieux autour du Sahara occidental peut encore se résoudre par la voie diplomatique, la politologue estime que puisque le dossier est confié aux Nations unies, « toute opération visant à le faire sortir de ce cadre peut être lourde de conséquences. »

« Les pays ne sont pas obligés d’avoir une position claire, cela s’appelle faire preuve de diplomatie », conclut-elle.