Bruxelles – La Commission européenne a appelé mercredi le Portugal, confronté à une crise politique majeure après la démission de deux ministres-clé, à «clarifier la situation le plus vite possible».
«Cette situation délicate requiert un grand sens des responsabilités de la part de tous les partis politiques et de tous leurs dirigeants. La situation doit être clarifiée le plus vite possible», a affirmé le président de la Commission européenne, le Portugais José Manuel Barroso.
«La Commission et moi-même suivons la situation avec inquiétude», a-t-il ajouté, dans un communiqué lu lors du point de presse quotidien de l’exécutif européen.
«La première réaction des marchés financiers atteste du risque que la crédibilité financière du pays récemment mise sur pied soit compromise par l’instabilité politique actuelle. Si cela arrive, ce serait désastreux pour le peuple portugais, d’autant plus qu’il y a des signes avant-coureurs de reprise économique», a-t-il ajouté.
«Nous faisons confiance à la démocratie portugaise pour trouver une solution qui garantisse que les efforts accomplis jusqu’ici ne l’ont pas été en vain», a-t-il conclu.
Dans le même temps, le patron de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem a lui aussi appelé mercredi le Portugal à «prendre ses responsabilités».
«La situation est préoccupante», a-t-il déclaré lors d’un débat à la commission des Finances du parlement néerlandais, ajoutant : «j’appelle donc le Portugal à prendre ses responsabilités».
Le gouvernement portugais de centre-droit était en sursis mercredi après les démissions de deux ministres clés, Finances et Affaires étrangères, mais le Premier ministre, contesté sur sa politique de rigueur, tentait d’éviter la chute.
Après le départ lundi du ministre des Finances, Vitor Gaspar, le chef de la diplomatie portugaise, Paulo Portas, a claqué la porte à son tour mardi faisant valoir des «désaccords» avec le Premier ministre M. Passos Coelho. Ce dernier a toutefois refusé la démission de M. Portas.
Il a assuré qu’il tenterait de surmonter la crise afin de préserver la stabilité politique du pays. Mais les analystes en doutaient, d’autant que deux autres ministres, ceux de l’Agriculture et de la Sécurité Sociale, membres du même parti que M. Portas, devaient démissionner à leur tour, selon la presse.
«Il y a eu de nombreuses réactions politiques à la démission (du ministre des finances) Victor Gaspar, ce qui est assez rare», a souligné mercredi un responsable européen de haut rang, laissant entendre que la situation inquiète au plus haut point à Bruxelles.
Quelques heures après l’annonce de la démission de M. Gaspar, la Commission européenne par la voie du commissaire en charge des questions économiques, Olli Rehn, a publié un communiqué saluant le travail du ministre, fervent partisan de la rigueur budgétaire exigée par les créanciers du pays.
«Le Portugal approche de la dernière étape de son programme» d’ajustement économique, avait souligné lundi M. Rehn. «Beaucoup a été fait pour consolider les finances publiques, restaurer la stabilité financière et adopter des réformes structurelles en faveur de la compétitivité et de la création d’emplois», avait-t-il ajouté.
L’instabilité politique actuelle au Portugal fait craindre des élections anticipées au risque d’une remise en cause du plan d’aide international, conclu au printemps 2011.
Ces inquiétudes se reflètent sur le marché de la dette, où les taux d’emprunt à 10 ans du Portugal sont brièvement passés au-dessus de 8% mercredi pour la première fois depuis novembre 2012.
La situation au Portugal sera au menu de la réunion des ministres des Finances de la zone euro lundi à Bruxelles.