Voilà deux jours que toutes les administrations américaines ont réduit leurs effectifs au minimum vital. Les parcs nationaux, la Statue de la Liberté, les musées publics sont fermés. Seuls la sécurité nationale et les services essentiels, comme les opérations militaires, le contrôle aérien et les prisons, continuent globalement de tourner.
Face à ce «shutdown» -la fermeture partielle des services fédéraux- le président Américain a même dû écourter une tournée prévue en Asie, annulant des visites en Malaisie et aux Philippines. Il doit également se rendre à deux sommets internationaux dans cette région du monde. Pas sûr qu’il puisse y assister.
Ce mercredi, à la Maison Blanche, (qui fonctionne avec 25% de son personnel), Barack Obama enchaîne les réunions. Le Président américain a reçu, peu après midi (18 heures, heure française) des dirigeants des plus grands établissements financiers américains, dont Goldman Sachs, Citigroup, Bank of America… Orientée à la baisse dès l’ouverture, la place financière de Wall Street a fermée dans le rouge, tracassée par l’absence d’avancées concrètes dans les négociations sur le budget. Sur la chaîne de télévision CNBC, très regardée par les financiers, le chef de l’Etat américain a affirmé que «Wall Street, cette fois, devrait être inquiet».
Risque d’une double impasse, sur le budget et la dette
Barack Obama poursuit le dialogue avec les chefs de file du Congrès. Le président américain les a conviés à 17 h 30 (heure locale, 23 h 30 en France). Il sera question du budget, la cause de la paralysie actuelle. Une heure et demi avant cette réunion, le président a invité les internautes à retweeter son Tweet : «shutdown to end», en finir avec le blocage…
Lors de cette réunion, il va aussi être question du relèvement du plafond légal de la dette, un autre dossier sensible qui se profile à l’horizon. En effet, le Congrès a la prérogative de relever le plafond d’endettement des Etats-Unis, actuellement situé à 16 700 milliards de dollars. Or, la majorité républicaine à la Chambre refuse de le faire, engagée dans une intense bataille avec l’administration Obama. Les Républicains combattent depuis de longs mois la réforme de l’assurance maladie dont un premier volet est entré en vigueur mardi.
Mais, si le Congrès ne donne pas son feu vert, les Etats-Unis risquent de se retrouver en défaut de paiement à partir du 17 octobre. Ce qui conduirait à une situation sans précédent risquant de menacer l’économie mondiale, selon l’exécutif démocrate. Or, pour les Républicains, c’est justement un bon moyen de pression sur l’administration Obama. «Maintenant qu’on a la fermeture des services de l’Etat, je pense qu’on va voir la question du plafond de la dette se joindre au débat et le tout avancera ensemble», prévient un sénateur républicain. Pour le représentant républicain Paul Ryan, «la plupart des accords budgétaires par le passé contenaient un relèvement du plafond de la dette. Nous pensons que c’est un mécanisme pour forcer» les choses, explique cet élu.
De son côté, Barack Obama campe sur ses positions. Sur CNBC, le président américain s’est dit «exaspéré» par une crise qu’il juge «superflue». Il a répété qu’il ne négocierait pas avec ses adversaires, tant que ces derniers ne se plieront pas au vote du budget qui comprend…le financement de la réforme de l’assurance-maladie !
Début d’inquiétude en Europe
De l’autre côté de l’Atlantique, cette paralysie budgétaire commence à inquiéter. Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, estime que «si elle se prolongeait», elle représenterait «un risque pour les Etats-Unis et pour le monde». Mais, «à l’heure actuelle nous n’avons pas cette impression», a-t-il ajouté. Avant lui, le ministre français de l’Economie Pierre Moscovici a redouté que la crise aux Etats-Unis, surtout si le pays ne trouve pas d’accord sur le relèvement du plafond de la dette, «ne freine la reprise en cours en France».
Menace sur le traitement de malades du cancer
Au pays de l’Oncle Sam, faute d’accord sur le budget au Congrès, qui entraîne la suspension des financements fédéraux, des malades du cancer risquent de voir leur traitement reporté. «Nous ne refusons pas ces patients de façon permanente mais nous retardons leur admission puisque, pour le moment, nous ne prenons pas de nouveaux malades», explique un porte-parole des Instituts nationaux de la santé (NIH).
Selon le directeur des NIH, 200 patients, dont une trentaine d’enfants, normalement admis chaque semaine dans ces centres d’essais cliniques des Instituts nationaux de la santé, ne pourraient plus être acceptés. Pour ces malades, ces essais cliniques, entièrement gratuits, représentent souvent leur dernier espoir de guérison.