Crise diplomatique Paris – Alger : les patrons français tirent la sonnette d’alarme

Crise diplomatique Paris – Alger : les patrons français tirent la sonnette d’alarme

Alors que la tension diplomatique entre la France et l’Algérie ne cesse de monter, les conséquences économiques de cette crise commencent à se faire sentir. Ce jeudi 17 avril, la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF) a rompu le silence, exprimant officiellement sa préoccupation face à l’impact de la dégradation des relations bilatérales sur les entreprises françaises actives en Algérie.

Dans un communiqué signé par son président, Michel Bisac, la CCIAF déplore une « escalade relevant de la politique politicienne », qui compromet sérieusement la dynamique de coopération économique entre les deux pays. Selon l’organisation, cette situation nuit particulièrement à l’investissement et au développement des entreprises françaises de renom implantées sur le sol algérien.

Une reprise sabotée par des tensions diplomatiques

La reprise du dialogue entre les présidents Tebboune et Macron, amorcée fin mars, laissait espérer un réchauffement. La visite à Alger du ministre français délégué au Commerce extérieur, Jean-Noël Barrot, le 6 avril, semblait aller dans ce sens. Mais l’arrestation controversée d’un agent consulaire algérien à Paris, le 8 avril, a ravivé les tensions, entraînant l’annulation par le Conseil du renouveau économique algérien (CREA) d’une rencontre prévue avec le MEDEF le 19 mai à Paris.

Pour la CCIAF, cette conjoncture vient briser l’élan d’une coopération stratégique, alors que l’Algérie est le deuxième débouché des exportations françaises en Afrique, avec près de 4,8 milliards d’euros en 2024 et plus de 6 000 entreprises françaises engagées dans des échanges avec ce pays clé du Maghreb.

Un appel à la raison et à la préservation des liens économiques

Michel Bisac appelle à ne pas sacrifier les intérêts économiques sur l’autel des rivalités politiques. Il rappelle que les relations commerciales entre la France et l’Algérie représentent non seulement des investissements bilatéraux mais aussi des milliers d’emplois, en France comme en Algérie.

« Si l’Algérie ne travaille pas avec la France, elle travaillera avec d’autres pays. Les Italiens, les Allemands ou d’autres partenaires européens sont déjà très actifs sur ce marché », avertit-il. La perte de parts de marché pourrait être rapide et difficilement récupérable.

L’économie, victime collatérale d’une crise politique

La télévision publique France 2 a, de son côté, souligné récemment dans un reportage l’inquiétude des milieux d’affaires français face à la crise algéro-française. Des chefs d’entreprise ont exprimé leur peur de voir leurs activités menacées, d’autant plus que certaines structures dépendent entièrement du marché algérien.

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Alors que la dette publique française frôle les 3 600 milliards d’euros, le marché algérien reste un levier stratégique difficilement remplaçable. La CCIAF exhorte ainsi les entreprises françaises et algériennes, y compris celles de la diaspora, à rester engagées dans des partenariats durables et mutuellement bénéfiques, à l’écart des turbulences diplomatiques actuelles.