Crise économique, flux de réfugiés et menace de Londres de quitter le navire, Sale temps pour l’UE

Crise économique, flux de réfugiés et menace de Londres de quitter le navire, Sale temps pour l’UE

Les défis auxquels l’Union européenne est confrontée, ces dernières années, ont accentué les dissensions entre ses membres, eux-mêmes embourbés dans une spirale de crises depuis 2008.

Velléités séparatistes des Catalans en Espagne, montée de l’extrême droite en Europe de l’Est, en Suisse, en France et au Danemark… et risque d’un Brexit de la Grande-Bretagne en 2017. L’Union européenne traverse une zone de turbulences qui touche à sa survie en tant que bloc politique et économique, à l’heure où partout dans le monde, de nouveaux blocs naissent et de nouvelles alliances se construisent.

La gravité de la crise et la fragilité d’une Union européenne, toujours à la recherche de son équilibre, se sont manifestées l’été dernier, lors de l’épisode de la négociation de la dette grecque. Loin de constituer le seul exemple de la profonde crise à laquelle est confrontée l’UE, le dossier de la dette grecque a été un révélateur d’une solidarité de façade des États riches avec les plus vulnérables de l’UE. Face au diktat de la finance mondiale, du chantage du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, Bruxelles a choisi son camp dans le traitement du “mal” grec, en livrant Athènes à la merci de ses créanciers. Après avoir mis à genoux le peuple grec, qui a cédé aux appétits voraces de banquiers, Bruxelles s’est retrouvé face à un nouveau test : la crise des migrants et des réfugiés en provenance d’Afrique, du Proche et Moyen-Orient.

Là aussi, les dirigeants de l’Union européenne se sont montrés incapables de s’entendre sur une solution équilibrée et un traitement en profondeur de cette crise humanitaire, la plus grave depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Près d’un million de réfugiés ont déferlé sur le Vieux Continent depuis le début de l’année, pour fuir des conflits armés et des crises politiques, majoritairement causés par l’ingérence directe ou indirecte de certains pays membres de l’UE. Hormis l’Allemagne qui s’est montrée disposée à accueillir un nombre important de ces hommes, femmes et enfants en détresse, les autres pays de l’UE continuent dans leur fuite en avant et à jouer la carte de l’enfermement sur soi.

Largement médiatisée, la crise des réfugiés, continuellement présentée comme une crise de migration économique par les dirigeants de l’UE, a nourri la montée de l’extrême droite à travers le continent européen. Dernier exemple en date, la victoire de la droite et de l’extrême droite, lors des législatives organisées en Suisse. Cela n’est pas sans conséquence politique sur la cohésion de l’Union européenne où la droite est à dominante eurosceptique et opposée à l’usage de la monnaie unique, l’euro. Touchée de plein fouet par la crise économique et un chômage endémique, ainsi que par l’accentuation du flux de réfugiés qui demande la mobilisation d’importants moyens financiers et logistiques dont beaucoup de pays membres ne disposent pas, l’Europe doit aujourd’hui gérer le dossier du maintien ou non de la Grande-Bretagne dans le giron de l’UE et dans un avenir très proche le changement des équilibres politiques au Portugal, où la coalition de gauche anti-austérité est sur le point de prendre en main le destin du pays. Cela sans oublier celui de l’indépendance de la Catalogne en Espagne. Mais les dirigeants européens devraient surtout se préparer à un vent de colère qui risque de bouleverser la donne sur tout le continent si le Traité transatlantique, toujours en négociation avec les États-Unis, serait signé. Ce traité, s’il venait à être adopté, marquerait, entre autres, le démantèlement des services publics en Europe et la fin d’une Union européenne qui se veut aussi sociale.

L.M.