Le marché de l’immobilier est, d’une manière générale, bloqué, estiment les professionnels.Le manque en produit et sa cherté sont deux raisons récurrentes qui gèlent le marché. «Le produit immobilier est devenu rare et très cher pour la couche moyenne.
Ainsi, le marché est devenu inaccessible pour cette catégorie de citoyens», nous a indiqué le vice-président et chargé de l’information à la Fédération nationale des agents immobiliers, Abdelkrim Aouidat. Il a expliqué qu’ «il y a un décalage entre l’offre et la demande. En effet, la demande est plus importante que l’offre, et les prix sont incompatibles avec la réalité du marché».
En outre, l’ouverture du marché ainsi que la crise financière ont des répercutions directes sur le marché de l’immobilier algérien. Durant les dernières années, il y avait une forte demande notamment des investisseurs étrangers en Algérie mais avec la crise plusieurs sociétés ont été contraintes de se retirer et de laisser des produits immobiliers inoccupés. «Les propriétaires de ces biens ont conçu leurs produits immobiliers pour la catégorie «A» mais cette dernière s’est vu retirer à cause de la crise.
Il reste les catégories B et C que représentent les cadres et les fonctionnaires algériens, ceux-là ne peuvent pas se permettre d’accéder à ce marché, vu le prix inimaginable proposé», a précisé notre interlocuteur. «C’est à partir de là que les prix ont été bloqués. Pour amortir la situation, certains propriétaires ont baissé le prix à près de 50%
afin de trouver d’éventuels clients. Malgré cette baisse, le produit reste tout de même inaccessible, et pour le propriétaire, c’est une perte sèche, car son bien immobilier a besoin d’entretien et de gardiennage, ce qui représente pour lui des dépenses importantes. D’autres ont revu leurs prix à la baisse et appliqué les prix d’il y a trois, quatre ans en arrière. Donc, le marché fonctionne non pas par rapport à la zone, mais aux catégories», a indiqué Abdelkrim Aouidat.
L’investissement dans la location s’impose
Par ailleurs, notre interlocuteur estime que l’Etat doit investir dans le créneau de la location. «Le marché le plus important est celui qui est destiné à la couche moyenne mais là c’est un grand problème car le produit n’est pas disponible. L’Etat a investi dans la location- vente, mais il n’a rien fait pour le marché de la location», a-t-il souligné.
S’agissant du devenir du marché immobilier, la FNAI estime qu’il va y avoir une amélioration des prix, voire une certaine accessibilité à la location. Mais «l’Etat doit intervenir et encourager les promoteurs à investir dans des logements destinés à la location», a relevé notre interlocuteur.
En outre, il a souligné la nécessité de dégager des assiettes foncières et de créer des villes entières destinées à la location et surtout de mettre en compétitivité le privé et de développer la culture de gestion et d’entretien des cités et des villes d’une manière générale. Toujours dans le même ordre d’idées, notre interlocuteur a estimé que «l’Etat doit mettre les terrains en concession pour que les prix baissent».
Le vrai problème qui se pose, aux yeux du représentant de la FNAI, c’est l’absence d’une politique sérieuse régissant l’immobilier et ce malgré l’arsenal juridique existant.
«L’organisation de ce secteur implique l’inculcation de la culture de gestion de l’immobilier surtout que les citoyens cherchent à s’organiser et à vivre dans des cités entretenues et sécurisées», a insisté notre interlocuteur soulignant que «cette dynamique demande la mise en place non seulement des outils nécessaires mais aussi des professionnels, à savoir l’agent immobilier, l’administrateur, le marchand de l’immobilier…».
Le vice-président de la FNAI, a soulevé toutefois les contraintes de la nouvelle loi relative à la profession de l’agent immobilier. «Cette loi oblige 90 à 95% des agents immobiliers à mettre la clé sous le paillasson. La loi exige un diplôme supérieur à des agents immobiliers qui sont en exercice depuis plus de dix ce qui est inconcevable», a-t-il déploré.
Par F. Arab