Crise politique et présidentielle: Du nouveau le 5 juillet ?

Crise politique et présidentielle: Du nouveau le 5 juillet ?

Ghania Oukazi

La célébration du double anniversaire de l’Indépendance et de la Jeunesse pourrait coïncider avec l’annonce par le chef de l’Etat d’un rendez-vous pour l’ouverture d’un dialogue politique et d’une date pour la tenue des élections présidentielles. 

C’est ce qui se dit au niveau de certaines hautes institutions de l’Etat, probablement pour répondre aux nombreux intervenants entre acteurs politiques, personnalités nationales, universitaires et autres jeunes et représentants de la société civile ou issus du mouvement populaire, qui multiplient depuis quelque temps les réunions pour parfaire leurs propositions de solutions, à la crise politique du pays. Tous ont, certainement, compris que le chef d’état-major de l’ANP, le vice-ministre de la Défense, le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, a fermé le jeu en s’attachant, d’une manière indéfectible, « au cadre constitutionnel, à la légalité, au dialogue politique et à la tenue d’élections présidentielles, dans les plus brefs délais.» Face au matraquage médiatique de Gaïd Salah pour arracher un consensus autour de sa feuille de route, les préalables et la suspicion qui ont marqué le temps, depuis le 2 avril dernier, date de la démission forcée du Président Bouteflika, sont aujourd’hui exprimés sur un ton assez conciliant pour permettre de rapprocher les tendances les plus extrêmes. Ceux qui ont tenu jusque-là des réunions autour des différentes alternatives ont fait part de leur disposition à dialoguer avec « le pouvoir » pour élaborer un tableau de bord concerté avec en point de mire la tenue des élections présidentielles. Mais tous mettent en avant une seule condition le départ immédiat du Premier ministre et de quelques ministres du gouvernement particulièrement ceux de la Justice, de l’Intérieur et de la Communication. Pour eux, c’est le minimum qui doit être fait pour garantir des élections « crédibles et transparentes. » Des pourparlers marathons des opposants au clan Bouteflika se tiennent, ces derniers jours, pour arrêter le choix sur celui qui pourrait remplacer Nouredine Bedoui, le B qui dérange le plus ceux qui pensent qu’il a été « la caution » pour la fraude durant les différentes élections passées. 

Nouvelle date pour la tenue des élections présidentielles ? 

C’est l’ancien ambassadeur et ancien ministre, Abdelaziz Rahabi, qui a, ces derniers temps, le vent en poupe pour être le favori de plusieurs milieux. Le B de l’APN- Mouaad Bouchareb- connaît dimanche une levée de boucliers des partis du pouvoir passé et présent pour le renvoyer de son poste de président. Ils devraient, en principe, réussir cette fois-ci à le faire partir puisque l’on sait que jamais les partis d’opportunistes de tous bords, comme eux, ne se permettent d’objecter à un état de fait, sans que l’ordre ne leur soit intimé. A moins qu’eux-mêmes jouent leurs postes sous la pression de tentatives du commandement d’opérer des repositionnements.. Mais ce serait provoquer un désordre de plus qui s’ajouterait à ceux que le général de corps d’armée tente de gérer sans enfreindre « le cadre constitutionnel.» D’autant qu’il a réussi ces derniers jours, à réunir beaucoup de monde autour de l’esprit de ses discours et surtout pour le maintien de Abdelkader Bensalah, en tant que chef de l’Etat puisque, soulignent certains intervenants, « il n’a aucun droit de regard sur le déroulement des prochaines élections. » L’urgence de la mise en place de l’instance d’organisation et de surveillance du processus de vote est mise en avant pour mettre un terme, à toute hésitation des camps adversaires à Gaïd Salah. Il se pourrait que telle que rédigée par le chef d’état-major, la feuille de route pour une solution à la crise politique soit présentée par le chef de l’Etat, à l’occasion de la célébration durant cette semaine, du double anniversaire de l’Indépendance et de la Jeunesse. Abdelkader Bensalah est attendu ces jours-ci pour s’adresser à la Nation et reformuler une nouvelle proposition au dialogue et à la concertation avec les représentants des partis politiques, de la société civile et les personnalités nationales. Il est avancé qu’« il n’y aura pas d’exclusion à condition que la disponibilité des uns et des autres à rencontrer des représentants du pouvoir en place cadre avec ce qui est voulu et attendu par le général de corps d’armée. » L’on prévoit que la nouvelle date de la tenue des élections présidentielles coïncidera avec novembre prochain, le mois de la Révolution. Selon des sources sûres, Gaïd Salah veut que si une date est avancée par le chef de l’Etat, pour cette fois, il faut qu’elle soit «la bonne». 

Risque de pénuries 

Sinon, pensent les plus avertis, « les conséquences de ce long statu quo seront désastreuses sur l’ensemble du pays. » Les bouleversements que connaît la sphère économique, depuis mars dernier avec le démantèlement des états-majors des grands groupes industriels risquent de provoquer les pires pénuries. « On peut, du jour au lendemain, manquer d’huile, de sucre ou de lait et d’autres farine et semoule, il est craint aussi que des salaires ne soient pas versés ou des emplois soient gelés, déjà qu’un grand nombre de médicaments, y compris ceux des maladies chroniques, sont introuvables parce que l’Etat a été incapable jusque-là d’en approvisionner les officines,» affirment des économistes. L’on avance au niveau d’une institution qu’un premier état des activités des différentes sociétés et entreprises a été établi sur la période allant de février à avril dernier. « Les résultats sont catastrophiques, on a des entreprises qui n’ont même pas atteint 30% de leurs capacités de production, ça fait peur, » soutiennent des spécialistes. 

Gaïd Salah sait que la crise se complique et qu’il n’est pas permis de faire reculer des échéances électorales qui contribueraient largement à préserver la stabilité du pays et à rassurer les esprits. Les derniers attentats en Tunisie font peur si l’on s’en tient aux analystes qui affirment que les terroristes étaient venus des frontières ouest de leur pays.