Cristiano Ronaldo et « le nain » Messi

Cristiano Ronaldo et « le nain » Messi

A l’occasion de la parution du livre sur CR7, Cristiano Ronaldo: orgueuil, gloire et préjugés (Editions Solar) écrit avec Marco Martins, nous avons rencontré son co-auteur. Pour Antoine Grynbaum si le Portugais est narcissique, il n’en demeure pas moins un énorme bosseur qui sait rester humble dans un vestiaire. Il nous raconte aussi les relations de Ronaldo avec ses coéquipiers, ses coaches et … Lionel Messi.

Pourquoi aime-t-on détester Cristiano Ronaldo ?

On le déteste à cause de l’image qu’il dégage: égocentrique, sûr de lui et hautain. Après son but sur pénalty, en la finale de la Ligue des champions, il n’a pu s’empêcher de s’exhiber tablettes de chocolat et biceps au vent. Il l’a fait, d’ailleurs, pour un film qu’on réalise sur le Portugais, CR7 The movie. Alors bien sûr, son ego et son culte de la personnalité énervent certains. Il est clivant, à la différence du gentil Messi: on adore Cristiano Ronaldo ou on le déteste. Il sait qu’il est le meilleur et il assume son statut de star.

Mais quel grand champion n’a pas d’ego sur dimensionné ?

Aucun. Cet ego leur donne à tous une force incroyable.

Ça, c’est l’image qu’il donne. Mais est-ce, au moins, un gros travailleur à l’entraînement ?

CR7 ne se satisfait pas de son immense talent ! Combien de joueurs a-t-on vu ne pas confirmer le gros potentiel qu’on leur imaginait à 13-14 ans. A Manchester, Alex Ferguson lui a fait comprendre qu’il devait travailler ses points faibles et jouer avec ses coéquipiers. Il a une hygiène de vie irréprochable, il reste après la fin des entraînements pour travailler ses dribbles et ses coup-francs. Plus d’un génie, dans le foot ou ailleurs, vit sur son talent. Pas Cristiano Ronaldo.

Et en privé, est-il le même homme ?

Non. L’homme privé est à des années-lumières de cette image publique. Ronaldo est très très apprécié de ses coéquipiers, anciens et nouveaux. Il a peu d’ennemis. Dans tous les vestiaires par lesquels il est passé, la majorité des gens nous a toujours dit la même chose: le Portugais est respectueux, taquin, sympa et blagueur. Mais je serai curieux de savoir ce que donnerai la présence d’un autre joueur avec un gros ego, type Zlatan, dans son vestiaiare. C’est déjà arrivé une fois à Manchester United avec Ruud Van Nistelroy. Ferguson a compris que la présence de ce second gros égotique allait inhiber Ronaldo. Le coach a transféré le Néerlandais au Real. Le Portugais ne supporte pas être le second et affiche cette image de supériorité.

Tout a commencé sur l’île de Madère …

Le futur CR7 est déjà perçu comme un phénomène dans son île et son club du Nacional. Il a été proposé en essai à son club de cœur, le Benfica, mais le club des Aigles n’a pas donné suite. C’est le Sporting qui a flairé le bon coup. Il part à 11 ans sur le Continent contre 25.000 Euros et un jeu de maillots, usagé, pour son club. Dans la capitale portugaise, le petit Cristiano a dû mal à vivre l’éloignement de sa famille à 1000 km de là. C’est une famille modeste, aimante et très unie. Ce lien cassé a été très dur à vivre mais a aussi forgé son mental. Qui plus est, ses petits copains sont agressifs et se moquent de son accent madeiran.

La première personne importante, sur le plan sportif, est Laszlo Bölöni ?

Ronaldo s’entend bien, et je dirai même, a besoin d’entraîneur paternaliste, un peu à la Guy Roux en France. Le premier qu’il croisera est le coach de l’équipe professionnelle du Sporting Lisbonne, Laszlo Bölöni. Le Hongrois, qui avait quitté Nancy, est le premier grand entraîneur à croire en lui. Il dit a ses joueurs, Jardel et Niculae, que le petit portugais est meilleur que toute l’équipe réunie. Alors que Ronaldo jouait, jusque-là, en pointe, Bölöni a été le premier a repositionner le Madeiran sur l’aile gauche pour avoir de la vitesse. Il le fait passer pro en septembre 2002, cinq ans après son arrivée dans la capitale. Bölöni a été le second père de CR7 au Sportig et Ronaldo l’a invité pour la remise son premier Ballon d’or. Il ne l’a jamais oublié car Ronaldo n’oublie jamais ceux qui l’ont aidé, c’est l’autre facette de son caractère. Le deuxième père sportif sera Sir Alex Ferguson. C’est l’Ecossais qui donne le numéro 7 à Cristiano car il sent que le Madeiran est un percuteur phénoménal. Le 7 de Cantona, Beckham et d’autres gloires mancuniennes.

« Il ne supporte pas qu’on évoque le nom de Messi »

En 2003 Ronaldo signe à Manchester mais on sait moins qu’il aurait pu signer à Lyon … 

A Liverpool, Gérard Houiller à été le premier à proposer un transfert au Portugais. Mais cela a capoté sur les exigences salariales du Ronaldo. De son côté, Jean-Michel Aulas a raté CR7 car il était en manque de liquidités. Au Sporting, Laszlo Bölöni voulait échanger Ronaldo contre Tony Vairelles qu’il avait connu à Nancy. Le Sporting échangeait deux de ses joueurs, dont Cristiano Ronaldo, contre le Lyonnais. Mais le président lyonnais voulait de l’argent et non un échange sec. Quel raté !

Quelles relations entretient-il avec Lionel Messi ?

La rivalité est énorme du côté du Portugais. Cristiano Ronaldo ne prononce jamais son nom en privé et quand il parle de lui il dit dédaigneusement « le nain ». Enfin, il ne supporte pas que le vestiaire du Real Madrid évoque le nom de Messi. Il est l’anti-Messi car ce sont deux personnalités opposées. Qui plus est, il ne supporte pas qu’un joueur lui fasse de l’ombre. Mais, a contrario, il est aiguillonné par l’Argentin, le rival qui le pousse à donner le meilleur de lui-même … pour rester le meilleur.

Ronaldo a-t-il des amis, des vrais ?

Oui et plus qu’on ne le pense. Dans le vestiaire du Real, le Brésilien Marcelo est son meilleur ami et il est aussi très proche de Karim Benzema et Gareth Bale. A Manchester, il était très pote avec Djemba-Djemba, Diego Forlan et David Bellion. Ronaldo sait adopter la bonne attitude dans le vestiaire. Son seul ennemi, ou du moins le seul joueur avec lequel il ne s’est pas du tout entendu, est Ruud Van Nistelroy. Mais, comme je vous l’ai dit, Ferguson a choisi de se séparer du Néerlandais.

Quelles sont ses relations avec un autre egotique portugais: José Mourinho ?

Il a de la haine envers son ancien coach madrilène. En 2011, Mourinho arrive au Real car le président madrilène veut redonner le pouvoir à un chef, à l’entraîneur, après le départ de Pellegrini qui avait laissé le vestiaire se diviser en clans. Lors de la première année, l’entente est bonne entre les deux Portugais. Mais le problème est venu ensuite du fait que CR7 rechigne aux tâches défensives. Mourinho le lui a violemment reproché après l’élimination, en demi-finale de Ligue des champions, par le FC Barcelone. C’est le début de la fin et cela n’a plus fonctionné entre les deux hommes. La troisième année, en 2013, a été catastrophique et le coach portugais a été lâché par tout le vestiaire madrilène. Un des deux Portugais a dû partir: ce sera Mourinho.