Critiques marocaines sur le traitement des migrants en Algérie: Benhabiles dénonce «une exploitation politicienne»

Critiques marocaines sur le traitement des migrants en Algérie: Benhabiles dénonce «une exploitation politicienne»

Les autorités marocaines se sont, une nouvelle fois, attaquées à l’Algérie, à travers un communiqué du ministère de l’intérieur marocain, qui a fortement critiqué la prise en charge des réfugiés syriens sur le territoire algérien.

Une sortie médiatique qualifiée de «révoltante» par la présidente du croissant- rouge algérien (CRA), Saïda Benhabiles, qui accuse le Maroc d’instrumentaliser la misère humaine à des fins politiques. Contactée, notre interlocutrice à démenti les accusations des autorités marocaines, selon lesquelles les autorités algériennes adoptent des comportements inhumains à l’encontre de ces migrants. Elle a affirmé que les réfugiés syriens et subsahariens sont très bien installés en Algérie. «Nous les hébergeons dans des chalets confortables dotés de toutes les commodités», a-t-elle assuré. La scolarisation des enfants, ajoute Mme Benhabiles, est assurée quels que soient l’âge et l’origine de l’enfant. «Nous exigeons seulement des tuteurs une attestation sur l’honneur du niveau scolaire de l’enfant», a-t-elle précisé. Même les fournitures scolaires sont, selon elle, fournies gratuitement. Aussi, nous confie la même responsable, «le croissant-rouge fait tout son possible pour que les réfugiés se sentent chez eux. Nous leur célébrons toutes les fêtes religieuses qu’elles soient chrétiennes ou musulmanes», a fait savoir Benhabiles.

De ce fait, elle se dit désolée que la situation de ces migrants soit exploitée pour des raisons politiques. «Le Maroc pouvait attaquer l’Algérie sur un autre plan. C’est une bassesse de profiter de la situation vulnérable de ces migrants», s’est-elle alarmée. De plus, pense Mme Benhabiles, les autorités marocaines ne sont pas un exemple à suivre dans le domaine de l’humanitaire surtout avec ce qui passe au Sahara occidental, car a-t-elle dit, «la pire atteinte à la dignité humaine est le colonialisme». Pour la présidente du croissant rouge, le peuple algérien est parmi les rares peuples qui compatissent avec les migrants, car il a vécu la même situation entre 1830 et 1962. Il y a lieu de noter que la prise en charge des refugiés syriens au Maroc est loin d’être parfaite. Le royaume n’accueille pas les syriens à bras ouverts. Les 1000 demandeurs d’asile que compte le Maroc depuis le début du conflit syrien, ne bénéficient pas encore du statut de réfugiés contrairement à bien d’autres, à savoir les Irakiens et les Palestiniens qui ont accédé à celui-ci dès leur arrivée au Maroc. Les Syriens sont livrés à eux-mêmes.

Ils vivent dans une précarité sociale extrême. Sans revenus financiers ou sans travail, et sans mesures d’accompagnement et de protection de la part de l’Etat, ils souffrent le martyre. Bon nombre d’entre eux survivent grâce à la solidarité et à la générosité de leurs compatriotes ou de certains Marocains. S’ils sont, aujourd’hui, plus ou moins protégés contre les arrestations et le refoulement vers les frontières, ils ne le sont, néanmoins, pas contre la pauvreté et des conditions de vie inhumaines. Sur une page Facebook «Refugiés syriens au Maroc», créée par un Syrien afin de faciliter le contact avec ses compatriotes, les demandes d’aide et d’assistance s’accumulent. Recherche de travail, appel à l’aide pour payer le loyer ou les factures d’eau ou d’électricité, demandes de nourriture ou de médicaments et la liste est longue… Aujourd’hui, ces Syriens n’ont droit qu’à des certificats de demandeurs d’asile renouvelables tous les trois mois et qui ne leur garantissent aucun droit, sauf celui de circuler.