Croissance effrayante de la consommation interne des hydrocarbures, selon Attar

Croissance effrayante de la consommation interne des hydrocarbures, selon Attar

Si les réserves en hydrocarbures de l’Algérie vont au-delà de 2030 ou 2040, la croissance de la consommation interne est effrayante a estimé Abdelmadjid Attar, ex.P-DG de Sonatrach dans une étude publiée par Pétrole et Gaz Arabes (PGA).

Le directeur général du cabinet d’études Petrochem2000 avertit quant à la croissance « effrayante et non maîtrisée » de la consommation interne du pays, par rapport au taux de renouvellement des réserves. Un « problème de plus en plus crucial », relève-t-il.

Dans ce contexte, il indique que les prévisions d’exportation nécessitées par le besoin de rente pour assurer le développement économique, et les prévisions de consommation interne, « laissent prévoir une baisse probable de la rente à compter de 2025 en l’absence de nouvelles découvertes conventionnelles, et d’un éventuel démarrage d’exploitation des hydrocarbures non conventionnels entre 2025 et 2030 », soulignant que cette hypothèse « ne tient pas compte » de l’évolution du marché pétrolier sur lequel « il serait hasardeux de parier en ce moment ».

Il préconise, pour cela, comme solution aux besoins du pays sur le long terme un changement de cap « immédiat » de la politique énergétique algérienne à travers une double transition économique et énergétique.

Pour lui, cette politique énergétique doit mettre en œuvre un « arbitrage » entre la rente pétrolière qu’il faut remplacer par des ressources financières alternatives, et la sécurité énergétique qui continuera à être assurée par les hydrocarbures sur plusieurs décennies (au moins jusqu’à 2040).

Dans cette optique, l’Algérie, a-t-il ajouté, doit se préparer à assurer sa sécurité énergétique à travers des stratégies destinées à rationaliser la consommation énergétique intérieure, assurer de « façon transitoire » la disponibilité et la prolongation de la durée d’exploitation des ressources non renouvelables, accélérer l’introduction progressive de nouvelles ressources dites renouvelables et à créer les conditions pour que ces deux transitions « se fassent à travers la naissance de capacités nationales d’innovation, de production, de maintenance, et de services, créatrices d’emplois nouveaux et durables ».

M. Attar, actuel directeur général du cabinet d’études Petrochem2000 avertit, cependant, qu’au-delà de 2025, « si aucune mesure n’est prise notamment en matière modèle de consommation énergétique, il est très peu probable que la production d’hydrocarbures conventionnels puisse satisfaire en même temps les besoins de consommation interne, et le même niveau absolu de rente financière », relevant que seule l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels, avec une production additionnelle d’appoint seulement, « arrivera à ralentir le déclin de la production conventionnelle entre 2025 et 2035, et peut-être plus tard aussi en fonction des progrès technologiques futurs ».

« Si on se base sur ce qui existe et ce qui pourrait exister en théorie: on pourrait effectivement dire qu’il n’y a aucun souci à se faire pour une longue période même au-delà de 2030 ou 2040 », a-t-il dit dans une analyse sur la transition énergétique de l’Algérie, présentée et discutée lors d’une conférence organisée par le Forum des chefs d’entreprise (FCE) qui s’est tenue à Alger le 8 novembre.

Dans sa tentative de projection à long terme sur les réserves énergétiques et sur la rente pétrolière, M. Attar précise qu’une simple projection basée sur les réserves d’hydrocarbures restantes dans le sous-sol, ainsi que celles en cours de développement ou pouvant l’être à moyen terme (réserves probables et possibles), « permet de prévoir jusqu’en 2022, ou 2025, le même niveau de production actuel avec même une possibilité de légère augmentation grâce aux projets de développement actuels, et par conséquent le maintien des volumes d’exportation ainsi que la satisfaction des besoins de consommation énergétique nationale », prévenant que seule la rente « demeurera incertaine » du fait de l’incertitude sur l’évolution du marché mondial des hydrocarbures.