Quelle langue (anglais, espagnol ou français) va parler Paris-Nice ? La première grande course par étapes de la saison démarre aujourd’hui en région parisienne sans favori revendiqué malgré la présence du Britannique Simon Yates opposé au Français Romain Bardet et aux grimpeurs colombiens.
«J’aime Paris-Nice mais je n’y vais pas pour la cibler», affirme Yates (26 ans). Le vainqueur du dernier Tour d’Espagne, fidèle au rendez-vous de la «course au soleil», présente toutefois le profil idoine pour inscrire son nom au palmarès. Tant par ses références passées, puisqu’il a frôlé le succès l’an passé, à 4 secondes près, que par le caractère de l’épreuve. En huit jours, Paris-Nice concentre les difficultés d’une grande course.
La plaine tout d’abord, favorable aux nombreux sprinteurs (Kittel, Groenewegen, Démare, Ewan, Cavendish, Greipel, Kristoff, S. Bennett, Jakobsen, Coquard, Trentin, Laporte, Bonifazio, Mareczko, Colbrelli) durant les trois premières étapes et propice aux coups de bordure – ces accélérations brutales d’une équipe en présence de vent latéral pour créer des écarts – surtout lundi. Le contre-la-montre ensuite, jeudi prochain, près d’Avignon (sud). Les cols enfin pendant le week-end azuréen, à moyenne altitude certes compte tenu de la période qui interdit l’accès aux sommets.
La montée du col du Turini (14,9 km à 7,3 %), où sera jugée l’arrivée de l’avant-dernière étape, doit contrebalancer le poids du « chrono » de Barbentane, long de 25,5 kilomètres. Yates, qui affirme avoir encore du poids à perdre, est attendu au col qui a connu son heure de gloire dans le rallye auto du Monte-Carlo. Tout comme les purs grimpeurs sud-américains, déjà vus à l’œuvre début février au Tour de Colombie.
Des invitations en jeu
Tous sont présents au départ de Saint-Germain-en-Laye (région parisienne). Miguel Angel Lopez, dit «Superman» dans son pays, prépare le Tour d’Italie. Egan Bernal, accompagné par Ivan Sosa qui s’était signalé dans son tour national, fait de même. Nairo Quintana et Rigoberto Uran, les aînés, ou encore Daniel Martinez, le champion de Colombie du contre-la-montre, sont aussi de la partie. Mais il leur faut franchir les pièges des premières étapes… ou en tirer parti, pour peu que Bernal s’inspire de son coéquipier, le Polonais Michal Kwiatkowski, le maître à courir de l’équipe Sky qui peut nourrir des ambitions personnelles.
Le constat vaut pour Bardet (AG2R La Mondiale), qui entend poursuivre sa progression dans l’optique du Tour de France. «Ce que je viens chercher sur des courses comme Paris-Nice, ce sont de bons points de passage», annonce le grimpeur, rarement à l’aise dans la «course au soleil» au contraire de son coéquipier Tony Gallopin. Les enjeux sont multiples, entre le podium final qui doit concerner l’Espagnol Marc Soler, vainqueur sortant, ses compatriotes Gorka et Ion Izagirre ou encore le Luxembourgeois Bob Jungels, la préparation des classiques (Gilbert, Matthews, Degenkolb, Naesen), les succès d’étape. Ils sont encore plus importants pour les trois équipes françaises candidates aux deux dernières invitations pour le Tour. Direct Energie (Calmejane, Hivert, Terpstra), la mieux placée au vu de son début de saison, Arkea-Samsic (Greipel, Barguil) et Vital Concept (Coquard, Vichot), jouent gros sur la semaine.