Maintes fois annoncé, un nouveau découpage administratif ne serait pas à l’ordre du jour. De même, les édiles locaux devraient prendre leur mal en patience puisque le nouveau code communal concernerait les assemblées qui seront élues en 2012.
C’est ce qu’a annoncé hier le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales à partir de Constantine, en marge de la rencontre régionale qui l’a réuni avec les walis de l’est du pays.
A l’instar de la réunion du week-end dernier avec les walis du Centre et du Sud, rien n’a filtré à propos des questions abordées par le nouveau ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales avec les 16 chefs des exécutifs des wilayas de l’est du pays. «C’est une réunion en guise de première prise de contact, somme toute simple, durant laquelle aucune décision ou annonce spécifique ne sont prévues», a déclaré Daho Ould Kablia avant de rejoindre la salle de réunion.
Un communiqué récapitulatif de ces assises sera néanmoins rendu public au terme de la troisième réunion qu’il tiendra mercredi prochain à Oran avec les walis de l’Ouest. Moins loquace que son prédécesseur quand il s’agit de répondre aux questions des journalistes, le successeur de Noureddine Yazid Zerhouni a, cependant, répondu succinctement à quelques-unes des questions posées par les représentants des médias présents au siège de la wilaya avant le début de ce conclave tenu à huis clos.
Les attentes exprimées par des pans entiers de la société à travers plusieurs régions du pays à propos du nouveau découpage administratif, en ce qu’il sous-tend en terme de développement local, sont ainsi reléguées par le ministre au second plan, puisque la question ne figurerait plus parmi les priorités du département de l’Intérieur. «Le découpage administratif n’est pas à l’ordre du jour.
C’est une question à laquelle il faut réfléchir. Elle nécessite de grandes études et constitue une affaire trop importante pour être réalisée en l’espace de quelques semaines ou quelques mois.». Un recul qui rompt, a priori, avec la hâte dont faisait preuve son prédécesseur qui n’avait démenti à aucun moment les effets d’annonce d’un imminent nouveau découpage administratif. Une autre question qui semblait être ficelée du temps de Noureddine Yazid Zerhouni et qui ne serait plus d’actualité, celle du nouveau code communal qui ne verra pas le jour, selon toute vraisemblance, avant les prochaines élections locales prévues en 2012.
Pour Daho Ould Kablia, le nouveau code communal est une affaire réglée : «Il est achevé et a même été validé par le gouvernement. Il sera présenté en Conseil des ministres au moment voulu. Les maires continueront à faire ce qu’ils ont fait jusqu’à présent, car même si le code communal est adopté, il ne saurait être applicable dès le lendemain.
Il est prévu pour les assemblées qui seront élues en 2012. Ces nouvelles dispositions entreront en vigueur au fur et à mesure que seront promulgués les décrets et textes qui expliciteront le contenu de la loi, car ce n’est pas cette dernière qui réglera les problèmes, mais ses textes d’application.» Ce nouveau code introduit de nouvelles méthodes de travail et de gestion plus qu’il ne se penche sur la question des prérogatives. Celles-ci obéiraient, selon le ministre, à des règles universelles qui ne sauraient être spécifiques à l’Algérie.
A propos du recensement économique prévu à partir du premier trimestre 2011, qui suscite déjà des réactions diverses dans le milieu des opérateurs, le ministre de l’Intérieur s’est voulu rassurant, à travers ces propos : «Beaucoup ont déjà commencé à penser que le recensement économique est destiné à savoir qui fait quoi. Il s’agit, en fait, d’un recensement des entreprises économiques similaire à celui que l’on effectue pour la population tous les 10 ans, car on ne peut construire une économie, ni faire de prospective ou anticipation en matière de développement économique si l’on ne connaît pas le soubassement de l’économie nationale.
C’est un recensement qui ne va pas s’occuper des problèmes financiers ou fiscaux des entreprises. Son objectif est de s’informer de l’installation de chaque unité économique dans son environnement, de ses difficultés, ses méthodes, ses emplois, ses intrants et les matières premières qu’elle utilise, ainsi que de savoir comment et où se fait la commercialisation de son produit et ce dont elle a besoin.»
S’agissant de sa perception de la gestion des villes, Daho Ould Kablia réfute que l’on parle de nouvelles méthodes, soulignant qu’il s’agit plutôt d’une gestion mettant l’accent sur la modernisation des grandes villes, et de toutes les autres de manière générale. «Cela entre dans le cadre du développement local, des aménagements urbains et de la gestion proprement dite qui concerne un certain nombre d’aspects qui ont trait à la relation entre le citoyen et l’administration communale.
Cette dernière doit être au service des citoyens, qui ont droit à un service public efficace», a-t-il expliqué. Sur la question de la mise en œuvre de certains projets, qui ont nécessité des interventions énergiques et parfois musclées des pouvoirs publics, notamment lors des recasements d’habitants de bidonvilles, comme ce fut le cas récemment à l’avenue de Roumanie à Constantine, le ministre de l’Intérieur s’est voulu ferme et a même volé au secours des walis qui ont eu à affronter l’ire des populations.
«Lorsqu’un wali est convaincu de la justesse de sa vision et qu’elle est partagée par sa tutelle, il lui appartient d’engager en toute liberté les actions nécessaires pour réaliser ses projets. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. S’il faut une certaine politique de rupture, qu’elle le soit, car l’intérêt de l’Etat, de la ville et du citoyen passe avant l’intérêt des particuliers», a-t-il conclu.
K. G.
«Différence de style»
Daho Ould Kablia, qui semble prendre certaines distances avec la démarche de son prédécesseur au département de l’Intérieur à travers, notamment, un recul prudent vis-à-vis des chantiers engagés depuis longtemps par Noureddine Yazid Zerhouni, a fait montre de beaucoup de diplomatie en parlant de sa gestion des collectivités locales. Il a toutefois laissé glisser un lapsus, en évoquant une présomptive différence de style :«La gestion des collectivités locales est la même. Il y a continuité dans l’action et dans ce qui a été fait par mon prédécesseur.
Il y a peut-être une différence de style dans l’approche de certains problèmes. M. Zerhouni était au service de l’Etat, je le suis également, et nous veillerons tous à ce que les institutions de l’Etat soient pérennes.»
K. G.