D’anciennes figures du mouvement culturel berbère signent une tribune contre le projet de révision de la constitution

D’anciennes figures du mouvement culturel berbère signent une tribune contre le projet de révision de la constitution

La tribune intitulée « L’Algérie de demain ou l’indispensable changement institutionnel » est signée par Ali Yahia Abdenour, Said Sadi, Djilali Leghima, Arab Aknine, Mouloud Lounaouci, Ahmed Ait Bachir, Said Chamekh, Smail Lakabi et Mouhoub Ait Maouche.

De leur point de vue, cette révision de la constitution ne serait qu’un « artifice politicien dicté par les rapports de forces claniques » en confrontation au sommet de l’Etat. Parlant des différentes constitutions de l’Algérie depuis Benbella à Bouteflika, les signataires de la tribune rappellent que  « chaque chef d’Etat a eu la ou les siennes ».

Et pour eux, « si ces Constitutions jetables n’ont pas assuré la justice et garanti la stabilité et la prospérité au pays, c’est parce que ces textes, au lieu de servir de cadre à la naissance d’une Algérie singulière, plurielle, solidaire et démocratique, ont été conçues comme autant d’instruments de domestication des consciences inspirés de régimes oligarchiques qui ont servi de modèle à des dirigeants obsédés par le pouvoir et obnubilés par des tutelles extérieures qui nient notre mémoire ».

Les signataires de cette pétition, tous ardents militans de la promotion de la langue Amazigh, jugent que l’officialisation de cette dernière « est une opération de diversion.  Au lieu d’affirmer la parité des langues arabe et amazighe pour clore un schisme qui dure depuis les origines du mouvement national, le texte affiche une hiérarchie aberrante qui maintient l’amazighe dans une dimension de stigmate linguistique soumis aux aléas du moindre amendement constitutionnel, dès lors qu’il est évacué des constantes nationales ».

Dans cette tribune, sont également pointées les « incohérences, les approximations et les contradictions contenues dans le projet et que les spécialistes en droit constitutionnel n’ont pas du relever dans des interventions publiques. Les signataires s’arrêtent aussi sur le contexte politique national et régional dans lequel intervient la révision de la constitution.

Ils décrivent une « impasse   dans laquelle agonise le pays et l’acuité avec laquelle elle est ressentie par les citoyennes et citoyens, engendrent des inquiétudes, des tensions et des préoccupations dans tous les segments de la société .» La situation actuelle ne serait, selon eux, que la conséquence du choix d’un système politique, au lendemain de l’indépendance, fondé sur la violence et le déni de légitimité.

D’où Préviennent-ils, « le risque d’une déflagration nationale entraînant une déstabilisation de toute la région nord-Afrique. Considérant que « le système jacobin, calqué sur l’ancienne puissance coloniale ne cadre pas avec l’identité sociologique et économique du pays », les signataires proposent « un autre schéma de gouvernance, qui donnerait plus de pouvoirs aux élus locaux, tant sur les plans politique, linguistique, culturel qu’économique » Partisan d’une régionalisation assumée, dans le cadre d’une refondation de l’état algérien, les signataires proposent le retour aux six wilayas historiques de la Révolution, comme référence. Selon eux   « les autonomies régionales permettront de consolider une unité nationale avec un Etat moderne, progressiste et juste. »