D’anciens ministres et des élus de différentes chambres parlementaires et des Assemblées populaires de wilayas et de communes étaient présents à la cérémonie.

D’anciens ministres et des élus de différentes chambres parlementaires et des Assemblées populaires de wilayas et de communes étaient présents à la cérémonie.

Cinquante ans après sa mort au champ d’honneur, Amirouche Aït Hamouda est parmi les seuls à pouvoir rassembler les gens de tous les horizons. La sentence est de son compagnon de lutte Ouali Aït Ahmed que nous avons rencontré à la cérémonie organisée pour ériger une stèle en sa mémoire à Iboudraren.

En effet, hier à Iboudraren, l’air était à la commémoration, au souvenir et à la reconnaissance. Une reconnaissance exprimée par toutes les catégories d’âges à un grand homme né à Tassaft un certain 31 octobre 1926. Ils étaient des milliers à venir admirer la stèle conçue en Italie à l’initiative de son fils Noureddine Aït Hamouda. Amirouche était, en effet, comme l’a signalé son ami, un rassembleur. Preuve en est que les présents étaient venus de plusieurs régions et de plusieurs horizons. Des citoyens ordinaires, jeunes et vieux, femmes et enfants. D’anciens ministres et des élus de différentes chambres parlementaires et des Assemblées populaires de wilayas et de communes. Ils étaient plusieurs hommes de culture et d’artistes à venir pour la circonstance. Dans tout ce beau monde, il y avait surtout ses compagnons d’enfance et de lutte. Sur les lieux où s’élève désormais la stèle, l’on pouvait, en effet, constater la présence de Abdelkrim Harchaoui, ancien ministre des Finances ainsi que Hamid Sidi Saïd ancien wali de Tizi Ouzou et ancien ministre. Pour l’occasion, le RCD était massivement représenté par un grand nombre de militants, mais aussi par les plus hautes personnalités de sa hiérarchie. Il était présent en effet, le président du parti, Mohcine Belabbès aux côtés de l’ancien président Saïd Sadi.

Les jeunes jaloux de leur héros

Les autorités locales étaient également présentes en force à la cérémonie. Elles étaient représentées par une forte délégation emmenée par le wali Abdelkader Bouazghi. Les membres de l’Assemblée populaire de wilaya étaient également présents aux côtés des élus au niveau des Assemblées populaires communales. L’on pouvait constater également la présence de nombreux maires et d’anciens. Amirouche Aït Hamouda reste incontestablement une icône pour toutes les générations. Cet homme qui a fait avorter l’opération «Jumelles» menée par les experts de la 4e puissance militaire mondiale demeure une grande fierté pour les jeunes générations. «Pour moi, Amirouche fait renaître la fierté que j’ai de mon pays à chaque fois que je suis découragé par ceux qui nous gouvernent. Combien de fois, j’ai le sentiment de ne pas appartenir à ce pays, mais dès que je me rappelle ce que fut Amirouche, je redeviens fier de l’Algérie» nous répond un jeune du village, de Tassaft dans la commune d’Iboudraren.

Les vieux s’en souviennent avec fierté

Pour d’autres, ce grand homme, par sa stature et par sa mort dans les Aurès, est un symbole de l’unité nationale. En effet, beaucoup de jeunes ne connaissent rien à la région des Aurès hormis la mort d’Amirouche aux côtés de Si El Haouès dans ces monts de l’Est algérien. «J’admire leur union à une époque où il était difficile de sortir de son patelin. Ils étaient des Chaouis, des Kabyles, des Algérois et des Constantinois à lutter ensemble. Aujourd’hui, avec tous les moyens de communication à notre portée, nous n’arrivons pas à nous rencontrer» ajoute, un autre jeune, rencontré près de la stèle. Dda Moh est un vieil homme qui a fait l’école avec Amirouche à Tassaft. Assis à l’écart de la foule, notre interlocuteur a accepté de nous raconter les moments qui reviennent à la surface de sa mémoire. «Amirouche était un jeune tout à fait ordinaire. D’une droiture exceptionnelle, l’enfant respectait tout le monde, était porté dans le coeur par tout le monde. Son enfant n’a pas été facile. Il a perdu son père très jeune et a été élevé chez ses oncles», raconte-t-il, le regard perdu dans les dédales du temps. «Par la suite, nous avons perdu contact. On en entendait seulement parler. Durant la guerre, je ne l’ai revu que deux fois seulement», poursuit Dda Moh.

Non loin de là, comme les vieux d’antan, Ouali son compagnon de lutte était assis lui aussi en dehors de la foule. Il admirait avec fierté tout ce monde venu rendre hommage à cet homme. Au-delà des différends, au-delà des différences, ils étaient tous là, rassemblés autour d’Amirouche qui observe du haut de l’esplanade marbrée de la stèle.

Graziani a payé à la bataille de Tachtiouine

Dans son récit, Ouali Aït Ahmed a insisté sur un point qu’il considère très important. Amirouche était un rassembleur. Il était d’une envergure telle qu’en sa présence, les différends et les haines disparaissaient. Cette caractéristique spécifique aux grands hommes Amirouche celui qui a découragé et abattu le moral des spécialistes français de la guerre psychologique qui ont été chargés de l’opération «Oiseau bleu» et de l’opération «Jumelles». Pour Ouali Aït Ahmed, De Gaulle a reconnu que la France a donné tous les moyens, matériels, humains et financiers à ses troupes pour anéantir les rebelles, mais elles ont échoué. C’est ce même constat d’échec qui l’a amené, selon notre interlocuteur, à reconnaître le fait accompli, l’Algérie indépendante.

Au fil de la narration, la mémoire de Ouali s’éveille et des souvenirs reviennent. Il se souvient de la bataille de Tachtiouine, à Aït Yahia Moussa. L’opération a été lancée par l’armée coloniale ayant eu vent de la présence de Si El Haouès à Sid-Ali Bounab. Connue sous le nom de la bataille du 6 janvier 1959 à Tachtiouine, c’est là que le capitaine Graziani, connu pour ses pratiques de tortionnaires sur les héros de la bataille d’Alger, a été abattu. Ouali Aït Ahmed a profité de l’occasion de notre discussion pour insister sur un point dont on ne parle pas beaucoup malgré sa grande importance. Le combat des femmes. Amirouche, qui voyait l’effectif des moudjahidine sérieusement amoindri par l’opération Jumelles, a eu l’ingénieuse idée de faire appel aux femmes. Beaucoup de postes importants ont été confiés à des femmes moudjahidate sous l’ordre d’Amirouche. Cet homme a su capter la grandeur de la femme algérienne à son époque alors qu’aujourd’hui elles sont marginalisées dans l’Algérie indépendante. Par ailleurs, il est à noter que parallèlement à la cérémonie qui s’est déroulée dans son village natal, le Musée du moudjahid de la ville de Tizi Ouzou n’a pas dérogé à la règle. Une journée a été organisée en la mémoire de ce grand homme qui a donné tout ce qu’il possédait à l’Algérie. D’ailleurs, certaines personnes ont tenu à mettre en évidence cette particularité de tout donner pour son pays, chez lui. Des témoignages et des expositions ont été organisés au niveau du hall du Musée ainsi que des communications sur lesquelles nous reviendrons. Enfin, comme une occasion du genre ne peut déroger à la règle d’égayer les présents, les organisateurs ont concocté, la veille vendredi, un gala artistique qui a réuni plusieurs belles voix de la chanson kabyle.