En 2088, organiser les Jeux olympiques d’été deviendra un véritable casse-tête. Avec le réchauffement climatique, la plupart des villes seraient trop chaudes pour y courir un marathon sans risques. Ainsi, Paris et Marseille seraient disqualifiées.
À cause du réchauffement climatique, notre génération pourrait assister aux derniers Jeux olympiques d’été. C’est la conclusion un poil inquiétante d’une étude américaine publiée cet été dans la revue scientifique The Lancet, pendant Rio 2016, et repérée par Ouest-France.
Imaginez : en 2088, vous êtes un centenaire bon pied bon œil. Dans le projecteur d’hologrammes qui a remplacé votre télévision, la Anne Hidalgo du futur s’arrache les cheveux : la candidature de Paris aux Jeux olympiques n’a toujours pas été retenue. La capitale française est disqualifiée : il y fait trop chaud pour les JO.
Et pour cause : en 70 ans, la température moyenne de la planète pourrait augmenter d’environ 4°C – selon le scénario climatologique le plus pessimiste. Avec un tel coup de chaud, la France (c’est-à-dire les villes de Paris et Marseille) est exclue d’office. Et la liste de villes dans le monde où il fait assez frais pour ne pas mettre en danger la santé des athlètes est bien maigre en 2088.
L’Amérique latine et l’Afrique hors jeu
Tokyo, prochaine ville hôte, est par exemple exclue, comme Los Angeles, qui candidate avec Paris aux JO 2024. Hors Europe, sur 600 hôtes potentiels analysés (toutes les agglomérations de plus de 600 000 habitants situées à moins 1600 mètres d’altitude), seules huit possibilités subsistent. Dont aucune en Amérique latine et en Afrique, et seulement deux en Asie.
« Ça ne sera pas les J.O. que l’on connaît aujourd’hui »
L’Europe s’en sort mieux, avec 30 hôtes potentiels du Nord et de l’Est, dont une moitié de villes britanniques. Dans la liste figure encore Londres, qui détient actuellement le record d’organisations des Jeux d’été (1908, 1948 et 2012). Mais dès 2100, avec une augmentation de la température estimée à + 6°C, seules 8 villes, toutes situées au Royaume Unis et en Irlande, pourraient être assez froides pour accueillir les Jeux sans nuire à la santé et aux performances des athlètes.
La limite retenue par les chercheurs est une température ressentie de 26°C de juillet à août, avec un risque de la dépasser de moins de 10%. C’est selon eux la température maximale pour accueillir l’épreuve la plus exigeante : le marathon.
L’étude rappelle également que cette année, 70% de l’équipe américaine a terminé le marathon alors que le baromètre atteignait les 25,6°C. Et qu’en 2007, à Chicago, la course avait été annulée en plein milieu suite aux coups de chaud de centaines d’athlètes.
+ 4,8°C d’ici 2100
Les chercheurs sont volontairement alarmistes – ils se basent sur le pire scénario climatique : +4,8°C d’ici 2100 d’après le dernier rapport du GIEC, quant l’objectif fixé par les Etats à la COP21 est de +2°C. Ils ne prédisent pas la fin pure et simple des Jeux olympiques d’été, événement international né à la fin du 19ème siècle, mais assurent qu’ils devront s’adapter aux changements climatiques. « On pourrait organiser l’intégralité des JO de nuit et en intérieur, mais ça ne sera pas les J.O. que l’on connaît aujourd’hui », explique au magazine Co.Design Kirk Smith, un des directeurs de l’étude.
Ce professeur à Berkeley (Californie) a volontairement mené cette étude pendant les Jeux de Rio, pour attirer notre attention sur l’impact du réchauffement : « C’est difficile de parler de ce qu’il va arriver à la fin du siècle. Or, il y a des choses que l’on pense voir continuer mais qui sont menacées, et les Jeux olympiques en font partie. Et c’est une façon de se projeter à 60-70 ans. »
Au-delà de l’impact sur le corps des athlètes, l’étude nous pousse à réfléchir sur cette moitié de population qui travaille actuellement à l’extérieur. Et dont le labeur, à cause de la chaleur qui augmente, risque bien de se compliquer d’année en année.