Dans sa réponse formelle à la présidence de la République: Benflis dénonce l’emprise de l’appareil politico-administratif sur les élections

Dans sa réponse formelle à la présidence de la République: Benflis dénonce l’emprise de l’appareil politico-administratif sur les élections

Les nouvelles lois organiques se rapportant aux élections n’offrent visiblement pas de garanties suffisantes pour une participation aux rendez-vous électoraux, si l’on se fie à l’analyse livrée par Talaïe El-Houriat.

Talaïe El-Houriat, le parti de l’ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, a poliment refusé de se prononcer sur la proposition faite officiellement par la présidence de la République dans le cadre de la désignation envisagée d’Abdelwahab Derbal à la tête de la Haute instance indépendante de surveillance des élections.

Dans sa réponse formulée à la correspondance adressée à son parti par le ministre d’État, directeur du cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, Ali Benflis rejette tout bonnement l’option des élections comme alternative à la crise multidimensionnelle que vit le pays. L’ancien chef de gouvernement s’est fendu d’un long texte où il revient abondamment sur les différentes facettes de cette crise marquée, relève-t-il, par “une impasse politique totale qui prend la forme d’une crise de régime manifeste”.

Le président de Talaïe El-Houriat ne prend même pas la peine de répondre, ni par l’affirmative ni par la négative, à la question posée par le représentant de la présidence de la République quant à la nomination envisagée à la tête de l’instance de surveillance des élections, tant le contexte politique, économique et social lui paraît plus que dangereux pour la survie de la nation. “Dans un contexte aussi grave, faire comme si de rien n’était et ériger les prochaines élections échéances en opération routinière me semble mener le pays, encore une fois, à passer à côté de l’essentiel”, assène Talaïe El-Houriat pour qui “l’essentiel” étant, en l’espèce, l’impasse politique “qui ne peut plus continuer à être ignorée, la crise économique qui ne se résoudra pas sans effort, sans sacrifice et sans courage et la montée des tensions sociales qui ne saurait être conjurée qu’à travers le retour de la nécessaire confiance dans la relation entre les gouvernants et les gouvernés”.

Le parti va, de nouveau, jusqu’à douter de la crédibilité de ces échéances politiques. “Il faut s’armer de lucidité et de sagesse et savoir reconnaître sans détour que la fraude électorale a occasionné tant de ravages dans le système politique national qu’il est grand temps d’admettre, une bonne fois pour toutes, que la légitimité, la représentativité et la confiance se méritent et ne s’imposent pas”, rappelle, à ce sujet, Talaïe El-Houriat qui note que “l’appareil politico-administratif n’est toujours pas acquis à la cause d’une compétition politique loyale et persiste à vouloir en fixer les conditions, à en dicter les règles et à en prédéterminer les résultats”.

Les nouvelles lois organiques se rapportant aux élections n’offrent visiblement pas de garanties suffisantes pour une participation aux rendez-vous électoraux, si l’on se fie à l’analyse livrée par Talaïe El-Houriat qui estime, à propos de l’instance de surveillance des élections, qu’“elle n’est pas conçue comme instrument de prévention et de dissuasion de la fraude”. Pour cette formation politique, “les nouvelles lois organiques n’ont pas allégé l’emprise de l’appareil politico-administratif sur les processus électoraux”, mais “elles l’ont alourdie”.

De même, poursuit-il, “elles n’ont pas réduit son hégémonie sur les phases de préparation et d’organisation des élections qui conditionnent tout le reste, elles l’ont confortée”. “L’on ne peut que s’en désoler, mais les prochaines échéances électorales, tenues avec le même esprit et dans les mêmes conditions que leurs devancières, ne sont pas de celles dont on peut légitimement attendre une réponse déterminante aux vrais problèmes politiques, économiques et sociaux qui sont tous dans l’attente d’un traitement réel, effectif et diligent”, tranche le parti d’Ali Benflis qui considère que “détourner les regards de cette nécessité impérative et vouloir à tout prix feindre d’organiser des élections normales, dans un pays présenté comme se trouvant dans une situation normale, c’est commettre un déni des réalités”. Le parti d’Ali Benflis pense que “rapportées à cette exigence essentielle”, les prochaines échéances électorales “pourront au mieux ménager un statu quo dommageable pour le pays si tant est qu’elles ne donnent pas une autre dimension à l’impasse politique et institutionnelle actuelle”.

Le parti regrette, enfin, que “dans les limites qui sont intrinsèquement les leurs”, ces élections “auraient pu, néanmoins, être l’occasion d’un premier mouvement vers le changement en marquant une volonté sans équivoque de redonner un sens au suffrage universel et de renouer avec le respect dû au jugement du peuple souverain”.