Une enquête de l’Office national des statistiques (ONS) sur les augmentations salariales au sein des entreprises, survenues au cours de l’année 2010, vient confirmer une série de constats empiriques : on gagne mieux sa vie dans le secteur public que dans le privé.
Et on la gagne encore mieux quand on est employé dans le secteur des hydrocarbures. Mais comme le privé a tendance à devenir le principal employeur dans les entreprises, le salaire moyen suit… à la baisse.
La conclusion globale de l’enquête est qu’il y a eu une évolution de l’ordre de 7,4% des salaires nets mensuels hors agriculture et administration de 7,4% par rapport à 2009, traduisant l’amorce d’un rattrapage après une des années de compression.
Ce chiffre est très largement lié à l’augmentation du salaire national minimum garanti (SNMG) qui est passé de 12.000 DA à 15.000 DA, relève l’office. Mais l’évolution, qui s’est d’ailleurs poursuivie en 2011, reste à relativiser en raison d’une hausse relativement importante du coût de la vie.
Ce sont les agents de maîtrise qui ont le plus profité de la revalorisation des salaires (8,6%) suivis des personnels d’exécution (7,3%), les hausses pour les cadres ayant été de 6,3%. Par secteur d’activité, les hausses ont été de 14,4% dans les secteurs des transports et communications, de 8,8% dans la santé et de 8,4% dans les finances, selon l’enquête qui a porté sur un échantillon de 934 entreprises, dont 616 publiques et 318 privées nationales de 20 salariés et plus.
A l’opposé, l’évolution des salaires a été très faible dans les entreprises des services collectifs sociaux et personnels (1,1%) et dans la production et distribution d’électricité et gaz (1,8%). L’enquête vient surtout confirmer l’idée établie depuis des lustres qu’il est préférable, en Algérie, de travailler à Sonatrach et plus globalement dans le secteur des hydrocarbures que dans la santé ou les finances.
LE «SECTEUR ROI» ET LES AUTRES
L’écart avec le secteur «roi» des hydrocarbures est plus prononcé quand on travaille dans le secteur de la construction ou dans les services. Les écarts recouvrent en partie une différence de qualification.
Dans les industries extractives (production et services d’hydrocarbures, mines et carrières), les salaires atteignent 72.000 DA suivis, plus loin, par le secteur financier (banques et assurances) avec 39.500 DA. Ensuite, c’est la «chute» : 20.450 dinars dans le secteur de la construction et 23.200 dinars dans l’immobilier-services aux entreprises. Il faut ajouter des disparités sensibles entre un secteur et un autre même si les qualifications se rapprochent.
Un cadre du secteur des hydrocarbures a un salaire de 90.100 DA, contre 49.900 dinars pour la santé et 48.800 dinars pour les finances. Pour les secteurs d’activités des services collectifs sociaux personnels, le salaire est de 39.500 DA contre 41.287 DA dans la construction. Pour l’ONS, ces écarts s’expliquent par la «spécificité» de ces entreprises qui «emploient beaucoup de diplômés et ont un système de rémunération spécifique».
L’enquête de l’ONS confirme aussi que le niveau des salaires est plus élevé dans le secteur public que dans le secteur privé. La moyenne des salaires nets mensuels est de 27.000 dinars avec un écart significatif entre le public où elle est de 38.500 dinars contre 21.500 dinars dans le secteur privé.
UN ÉCART DE 17.000 DINARS ENTRE LE PUBLIC ET LE PRIVÉ
L’ONS constate que le niveau moyen des salaires tend fortement à la baisse en raison «de la prédominance de l’emploi privé (2/3 de l’emploi total) et d’autre part, par l’importance de la catégorie exécutive dans le privé».
On peut ajouter, sans que cela soit un «jugement» que le niveau bas des salaires dans le secteur privé qui, hors administration et fonction publique, est fortement lié au «désert syndical» qui y règne. Ni la centrale «officielle» UGTA ni les syndicats autonomes n’arrivent à prendre pied dans un secteur privé fonctionnant en mode «familial» et employant des personnels peu qualifiés ou sans qualification.
Cela a un impact sensible sur le «salaire moyen» qui était, à mai 2010, de 26.900 dinars pour l’ensemble des salariés. L’écart entre le salaire moyen dans le secteur public et celui du secteur privé dépasse l’équivalent du SNMG. Il est de 38.500 dinars dans le public contre 21.500 DA dans le privé, soit une différence significative de 17.000 DA.
La part des primes et indemnités est importante dans le secteur public où le salaire de base représente 48% du salaire brut alors qu’il est de 70% dans le privé. Ces hausses des salaires doivent également être mises en regard avec l’inflation qui a été de 3,9% en 2010 (année concernée par l’enquête de l’ONS), de 4,5% en 2011. Le rythme d’inflation annuel a atteint 6,4% en avril 2012 contre 5,9% en mars 2012.
Salem Ferdi