Ces tout derniers jours, la santé du chef de l’État est revenue au-devant de l’actualité par deux fois. D’abord, de manière indirecte mais éloquente, le vendredi 6 novembre, lorsque les “dix-neuf” (désormais réduits à seize, après le retrait de trois des signataires de “la lettre du 1er novembre” ), ont expri
mé publiquement des doutes quant à la paternité de certaines décisions politiques et économiques, selon eux, prises à l’insu du président de la République et en son nom. Puis, de façon franche, mercredi dernier, suite à des rumeurs faisant état d’une nouvelle évacuation de Bouteflika à l’hôpital de Grenoble, en France. Des rumeurs que certains médias, notamment des sites électroniques dont celui du Dauphiné Libéré, dont le siège est à Grenoble, ont relayé comme autant d’informations (presque) avérées et qui n’ont pas manqué de faire florès immédiatement au sein de l’opinion.
En moins d’une heure, hier, un de ces “papiers” a été lu plus de 13 000 fois et partagé sur les réseaux sociaux plus de 1 000 fois. La soif de savoir des Algériens est ainsi mise en évidence de façon éclatante. Un gouvernement peut ignorer une rumeur, fondée ou non. Il peut même, le cas échéant, faire le dos rond face à des accusations, fussent-elles graves, le temps que passe la tempête. Mais il ne peut rester insensible aux effets que provoquent pareilles rumeurs et accusations au sein de la société. Sauf à considérer que seule la météo mérite un bulletin quotidien.
Résultats des courses : c’est la clinique de Grenoble, elle-même, qui a mis fin à la folle rumeur qui galopait toutes brides lâchées durant trois jours en adressant un démenti au Dauphiné Libéré. Comme durant l’opération Serval au Mali, c’est depuis l’Hexagone que nous était parvenue, par la voix de Laurent Fabius, l’information relative au survol du territoire algérien par les avions de guerre français en partance pour le Mali. C’est aussi le président français, François Hollande, qui, le premier, a informé les Algériens sur la prochaine installation d’une usine Peugeot dans leur pays. Et c’est vers le même Hollande que Amar Saâdani a renvoyé les Algériens s’ils veulent être édifiés sur la santé de Bouteflika. Serait-ce donc cela, la communication institutionnelle de l’Algérie de 2015 ?
Si la clinique de Grenoble, Fabius et Hollande sont devenus des sources incontournables pour la presse algérienne, c’est bien parce qu’il n’y en a pas d’autres de ce côté-ci de la Méditerranée.