De la continuité à l’impasse

De la continuité à l’impasse

Passé le tintamarre des scandales à répétition de corruption et de cocaïne qui ont ébranlé le pouvoir politique, il était peut-être naïf de croire que l’État était en train de reprendre du poil de la bête avec le fracassant feuilleton des mises à l’écart de hauts responsables, sous le couvert d’une insaisissable action d’assainissement dans les rangs des fonctionnaires.

Les laudateurs de tous bords avaient, dans un élan de servitude congénitale, tout de suite investi la scène pour faire la promotion d’une prétendue opération mains propres, œuvre, disaient-il, d’un Président prêt à poursuivre sa mission à la tête de l’État. Mais quoi qu’ils pensent, la réalité finit toujours par reprendre le dessus. La vacance du pouvoir n’est, en tout cas, pas une simple vue de l’esprit. Loin s’en faut. La crise institutionnelle, qui pointe avec la décision prise par les députés de la majorité de bloquer le fonctionnement de la première Chambre du Parlement, afin de contraindre son président à la démission, constitue, en effet, un exemple, on ne peut plus éloquent, de cette absence récurrente d’une autorité, au sommet de l’État, qui peut arbitrer en cas de conflit ou de contentieux dans ou en dehors du pouvoir.

Le plus sarcastique dans cette histoire est que la cohorte des flagorneurs qui étaient, jusqu’il y a quelques jours, mobilisés pour préparer le terrain à un hypothétique cinquième mandat, se livrant à un écœurant spectacle de glorification d’un Président que l’on sait diminué physiquement et intellectuellement, se retrouvent aujourd’hui à se crêper le chignon, sous le regard amusé de l’opposition. Oubliée donc, au moins pour un temps, l’histoire de la continuité, et place à des hostilités dont on ne connaît pour le moment ni les tenants ni les aboutissants. Sauf que les positions antagoniques des deux parties en conflit risquent de plonger un pays déjà affaibli par l’absence d’un chef d’orchestre dans une véritable crise institutionnelle.

Les Algériens, eux, restent médusés devant cette décomposition des institutions. Surtout qu’il s’agit, pour le coup, d’une assemblée censée être élue pour porter leurs voix, mais qui a finalement été réduite à une caisse de résonance de l’Exécutif. C’est ce qui explique peut-être leur indifférence devant ce tohu-bohu institutionnel.