Pour en savoir plus sur l’islam ou pour des raisons commerciales, les Chinois en Egypte cherchent de plus en plus à apprendre l’arabe.
Reportage dans un centre d’apprentissage pour Chinois, fraîchement inauguré à Madinet Nasr.
Quand ces jeunes Chinois viennenten Egypte, bien qu’ils aient étudiél’arabe pendant quatre années universitaires, leur niveau ne dépasse pas celui d’un enfant de deux ans qui commence à peine à apprendre à parler « , explique Manal Heidar Mohamad, 23 ans.
Elle enseigne l’arabe aux Chinois dans le centre Al-Nour, qui vient d’ouvrir ses portes il y a deux mois à Madinet Nasr après le grand succès réalisé par sa première branche au centre-ville. » Le nombre de Chinois augmente de jour en jour en Egypte. Ils ont besoin d’apprendre la langue arabe « , dit Mohamad Al-Débeiki, avocat et conseiller juridique du centre. Derrière son bureau, sous une enseigne rédigée en chinois et en arabe, Ma Jing, ou Nour, accueille ses compatriotes venus s’informer sur les stages présentés par le centre.
» J’ai décidé d’ouvrir ce centre en Egypte pour accueillir les étudiants qui ont commencé à apprendre l’arabe dans le centre de ma famille en Chine et aussi pour servir les hommes d’affaires chinois qui veulent travailler en Egypte « , dit Ma Jing, 23 ans et PDG du centre. » L’une des plus grandes difficultés qui nous affrontent est la prononciation « , déclare Ma Jing Nour.
Il explique que les étudiants sont soumis à une épreuve pour déterminer leur niveau quand ils rejoignent le centre. Le stage est divisé en douze niveaux d’un mois et demi chacun. Ils suivent les cours pendant une heure et demie tous les jours sauf le vendredi. Ils parviennent ainsi à maîtriser l’arabe au bout d’un an et demi.
Devant son tableau, Manal tente d’expliquer à Yang Zheng, ou Ibrahim, 20 ans, que pour lire les mots arabes, il faut relier chaque lettre à la lettre qui la suit, ce qui diffère beaucoup de la langue chinoise, qui est une langue de syllabes.
En l’écoutant, on ne comprend presque rien à ce qu’elle dit, car pour enseigner l’arabe à ses étudiants, elle se trouve obligée d’utiliser le chinois, l’arabe et parfois même l’anglais. » Je veux apprendre l’arabe parce que c’est la langue de l’islam et du Coran « , dit Yang Zheng, dans un arabe à peine compréhensible. Ses parents musulmans de père en fils l’ont incité, depuis sa plus tendre enfance, à apprendre l’arabe pour mieux connaître l’islam. En effet, il existe une minorité musulmane de 20 millions en Chine.
Cette minorité, à cause de l’obstacle de la langue, ne connaît pas grand chose sur sa religion. Làbas, la personne qui connaît par cœur une seule sourate du Coran est considérée comme un grand savant. La raison pour laquelle les Chinois musulmans incitent de plus en plus leurs enfants à se rendre dans les pays arabes pour apprendre l’arabe et savoir plus sur leur religion. » L’Egypte est notre destination favorite, car le dialecte égyptien est répandu dans tout le monde arabe et aussi à cause de l’Université d’Al-Azhar qui est le minaret des musulmans sunnites du monde entier « , dit Yang, une jeune fille de 20 ans, venue en Egypte à ses frais pour perfectionner son arabe.
De plus, le gouvernement chinois offre des bourses d’études à toute personne désireuse d’apprendre une langue étrangère. Au fond d’un long couloir, dans une classe d’étude, un groupe de jeunes Chinois écoutent attentivement le professeur qui leur explique la prononciation des mots arabes. Rien n’est écrit sur le tableau, car elle leur apprend l’arabe parlé.
En effet, il ne s’agit pas d’étudiants, mais d’hommes d’affaires et d’employés dans des bureaux commerciaux. Le centre leur présente des cours intensifs d’un mois. » Des dizaines de compagnies chinoises ouvrent chaque mois des bureaux en Egypte. Elles envoient entre 5 et 10 employés pour commercialiser leurs marchandises.
Elles ne veulent pas introduire d’intermédiaires pour que les marchandises parviennent aux consommateurs au plus bas prix.
Ces employés ont alors besoin d’apprendre la langue arabe parlée en un temps record, car ils n’ont pas de temps à perdre « , déclare Amira Hanafi, 23 ans, enseignante. Elle est diplômée de la faculté d’Al-Alsun, section langue chinoise. A l’université, elle a appris le chinois officiel. Cependant, il existe 56 communautés en Chine qui parlent des dialectes différents, alors pour communiquer avec ses élèves, elle a dû, elle aussi, apprendre les différents dialectes.
» Nous commençons par l’enseignement des lettres et de la prononciation puis la formation des phrases, la dictée et enfin la grammaire, car elle est assez compliquée « , dit Akram Mohamad Ahmad, qui a élaboré le programme d’enseignement au centre AlNour. Il a travaillé dans de nombreux centres d’enseignement de l’arabe aux Chinois.
Il a étudié les divers programmes enseignés et a détecté les défauts et les lacunes de chacun pour parvenir à ce programme. Le programme qu’il a élaboré a été accrédité par l’Association des linguistiques et des traducteurs égyptiens. Cette association pose également les examens et accrédite les certificats. » Le centre n’est pas seulement un lieu d’enseignement.
Il organise des rencontres sociales ainsi que des excursions pour nous faire découvrir l’Egypte. Il ne s’agit pas seulement d’apprendre la langue, mais aussi toute une culture « , déclare Mohamad, un Chinois qui poursuit ses études à l’Université du Caire.
Pendant ces rencontres, les étudiants chinois et les enseignants égyptiens rapportent différents plats. C’est ainsi que les Chinois découvrent les plats égyptiens et les Egyptiens les plats chinois.
» Le centre a organisé une soirée à l’occasion du nouvel an chinois et une autre à l’occasion de la fête du printemps. L’ambiance était très chaleureuse. Nous avons écouté des chansons arabes ainsi que des chansons chinoises et nous nous sommes beaucoup amusés « , poursuit Yang.
Elle songe étudier le commerce en Egypte quand elle aura réussi à maîtriser l’arabe. » En parlant le chinois, l’arabe et l’anglais et armée d’un diplôme en commerce, j’aurai plus de chance de trouver un bon travail, que ce soit en Chine ou en Egypte « , dit-elle. Son avenir balance entre l’arabe et le chinois.
Rachan Darwiche