De l’utilité du boycott de toutes les prochaines élections

De l’utilité du boycott de toutes les prochaines élections

Dans moins de huit mois auront lieu les législatives, fort probablement au mois d’avril.

Les partis satellitaires, plutôt partis-trouble-fêtes, commencent d’ores et déjà à nous parler des élections, de l’acte citoyen que revêt le vote, de l’utilité et de l’urgence de sauver l’Algérie des intentions maléfiques étrangères et de toute cette litanie propre à ce jargon du temps du parti unique.

Concernant les partis en vue, il n’est pas faux de déceler dans leurs discours des intentions participationnistes. Mais, si, dans la nature et la vocation de chaque parti politique, c’est de prendre le pouvoir, donc participer aux élections, en Algérie, y participer, c’est, tout simplement, cautionner la politique totalitaire du régime bien assis depuis l’été 1962.

Nous n’avons pas besoin de nous étaler sur les constats, l’absence de liberté, de démocratie, de justice sociale, d’équité pour affirmer que participer relève, sans risque de se tromper, sinon d’un suicide politique, du moins d’une absence de vision profonde, d’un manque de vigilance, ou tout simplement d’accepter des compromis qui finissent dans des compromissions.

Pour plus d’arguments, il suffit, car suffisamment loisible, d’observer les mandats présents et passés de nos élus.

Et cela à tous les niveaux des institution élues de la république pour s’en convaincre que l’élu est tout sauf élu au sens propre, large, philosophique et politique du terme.

De l’élu de l’APC, en passant par le maire, l’élu APW, jusqu’au député, le statut d’élu n’a jamais été garanti, reconnu, protégé et respecté par l’administration. Du chef de daira au wali, jusqu’au gouvernement, l’élu se doit d’être le gentil symbolique petit représentant du peuple juste bon pour amuser la galerie, faire croire l’éternelle supercherie démocratique et cautionner une gestion des plus injustes et despotiques.

Une représentativité juste bonne et utile pour montrer au monde qu’en Algérie, le citoyen vote, le citoyen est candidat, le citoyen est élu, le citoyen est maire et le citoyen est député! Ce qui n’est pas faux pour ces regards qui ne voient que notre façade!

Ce ne sera pas l’élu dont la voix reste inaudible durant tout son mandat, avec sa carte qui ne passe nulle part, délivrée d’ailleurs par le wali, qui nous dira le contraire, c’est-à-dire qu’il aurait les moyens politiques, administratifs et juridiques pour faire entendre sa voix, d’abord dans sa commune, puis à la daira, et, enfin chez le wali. Le wali, dans ce cas de figure, a tous les pouvoirs, il destitue quand, qui et où il veut!

Ce ne sera pas, non plus, le député, un statut que tous les partis de l’opposition dénoncent parce que jamais respecté, qui nous convaincra du contraire.

Abstraction faite des partis du pouvoir, le FLN et RND et de ceux qui lui font allégeance en soutenant le président de la république, Abdelaziz Bouteflika, tous les autres partis n’ont cessé de crier à leur exclusion et à leur isolement.

Combien de fois n’a-t-on pas vu le PT et d’autres partis quitter l’hémicycle, boycotter ou s’abstenir de voter?

Beaucoup de partis ont réussi à faire de leur mandat parlementaire un guiness-book en matière de boycott et d’abstention!

Pourquoi donc participer, et ils le font depuis les législatives de 1997, pour, au final, dire qu’il n’y a pas de démocratie à l’APN ?

Pourquoi participer pour crier, durant tout le quinquennat, au détournement de la volonté populaire à travers le forcing du gouvernement en faisant passer des lois par la force ?

Pourquoi participer pour venir juste après le dépouillement dénoncer l’administration pour ses multiples fraudes? Ce ne sera pas Louiza Hanoune ou un autre parti de l’opposition qui nous contredira sur cette maladie frauduleuse du régime!

Ne faudrait-il pas boycotter les futures élections jusqu’à réussir à faire instaurer une culture démocratique en garantissant, tout simplement, des élections propres, honnêtes et transparentes, pas selon le lexique des tenants du pouvoir actuel!

Ce qui est attendu de l’opposition c’est d’être conséquente avec elle-même: soit ce pouvoir est hermétique auquel cas il faudrait se constituer en bloc soudé pour le forcer à partir, soit, participer mais ne plus jamais parler de fraude!

Le taux d’abstention durant chaque élection n’est-il pas suffisant, significatif et révélateur pour dire que les Algériens sont fatigués de voter inutilement ? Et l’abstention ne pénalisera que l’opposition, le pouvoir n’en a cure des bulletins de vote !