Abdelaziz Bouteflika n’a pas du tout «apprécié» les interférences, tous azimuts, dans le mouvement des walis qu’il comptait effectuer début septembre en cours. A telle enseigne qu’il est intervenu lourdement dans ce dossier en ordonnant, dans un premier temps, «de tout geler jusqu’à nouvel ordre», avant d’exiger de revoir toute la liste. C’est ce que nous confie une source sûre.
Il faut dire que cette affaire des walis est symptomatique de la situation réelle en haut lieu et qui est due, essentiellement, à l’état de santé de Bouteflika.
Face à la diminution des capacités physiques du chef suprême, chaque pôle au sein du pouvoir tente d’influencer dans le sens de ses propres intérêts, sur les décisions majeures. «Chacun y va de sa propre liste, de son propre quota. C’est vrai pour les walis, mais pas seulement», nous confie notre source. «Or, le Président a certes délégué beaucoup de ses prérogatives dans la gestion quotidienne des affaires, mais il garde toujours l’essentiel de la décision. C’est lui qui tranche et qui décide de tout, en dernier ressort», nous révèle encore notre source. «Il avait donc décidé d’annuler tout simplement la première liste, pourtant fin prête et qui devait être annoncée début septembre et a exigé de tout revoir et d’attendre son feu vert. Une nouvelle liste lui a été soumise et tout le monde attend ce qui en ressortira de Zeralda.» C’est exactement le cas d’un autre dossier, celui d’un projet de remaniement du gouvernement Sellal.
En juin dernier, pour rappel, un remaniement surprise avait eu lieu. Sur insistance de Abdelmalek Sellal, Bouteflika avait fini par accepter de remanier le gouvernement. Mieux, il laissera le soin à son Premier ministre de confectionner son nouveau gouvernement à sa guise, n’intervenant que sur deux cas bien précis : «Le maintien de Nourredine Bedoui comme ministre de l’Intérieur contrairement au vœu de Sellal de le faire remplacer par Abdelkader Ouali, ainsi que le maintien de Abdelouahab Nouri dans l’exécutif, même s’il change de département.»
Dans ce remaniement du mois de juin, un autre homme eut cependant à s’y immiscer : le secrétaire général du FLN, Ammar Saâdani. La «patte» de ce dernier était trop évidente dans ce remaniement avec, surtout, le limogeage de son ennemi juré, l’ancien ministre des Relations avec le Parlement, Tahar Khaoua. Or, cette intervention de Saâdani a fortement déplu dans l’entourage immédiat d’Abdelaziz Bouteflika qui a pesé de tout son poids pour obtenir un autre remaniement dès la rentrée sociale en cours. Mais ce dossier, également, sera mis sous le coude par Bouteflika. Ce qui, en plus, ne facilite guère les choses, c’est évidemment la proximité des rendez-vous électoraux, particulièrement les élections législatives du printemps 2017. Et les élections, c’est connu, c’est d’abord une affaire du gouvernement et des walis ! A coup sûr, le choix ou le non-choix des uns et des autres déterminera directement les résultats des prochaines élections qui sont, du reste, d’une extrême importance dans la perspective des prochaines élections présidentielles qui restent l’objectif suprême pour bien de prétendants.
Des prétendants qui, tous, évoluent dans la proximité immédiate de Bouteflika et qui, donc, sont bien implantés dans les centres de décision et qui, tous, mènent un vrai travail souterrain, chacun de son côté et tous se mènent une guerre larvée, parfois même publique, et sans état d’âme. D’où les polémiques fracassantes de ces derniers jours au sein même du gouvernement ainsi que le cheminement inhabituellement pris par le projet de loi des finances 2017 que Bouteflika avait ordonné de complètement revoir alors que le gouvernement l’avait adopté. Ce projet de loi est d’ailleurs en train d’être examiné en seconde lecture par le gouvernement qui a considérablement reculé sur plusieurs taxes initialement prévues et qui étaient de nature à provoquer une onde de choc sur le front social.