« De nos frères blessés », un film en hommage à Fernand Iveton

« De nos frères blessés », un film en hommage à Fernand Iveton

En marge de la soixantième commémoration des Accords d’Évian (1962-2022), le réalisateur et scénariste français Hélier Cisterne sort son nouveau drama historique, « De nos frères blessés », qui nous plonge en 1954, au lendemain du déclenchement de la guerre de libération nationale, à travers une histoire vraie, inspirée de la vie du militant anti-colonialiste Fernand Iveton, seul Européen guillotiné pendant la guerre.

Le nouveau film historique du réalisateur Hélier Cisterne,« De nos frères blessés », tiré du livre de Joseph Andras, sortira aujourd’hui en salles et retracera les prémices de la guerre de libération nationale, à travers l’histoire du militant français Fernand Iveton et de son amoureuse Hélène.

Le rôle principal est incarné par l’acteur Vincent Lacoste, qui s’est fondu dans la peau du valeureux militant par son jeu d’acteur et sa flagrante ressemblance. Ce dernier n’a pas manqué de révéler, lors d’un entretien accordé à la presse française, que « l’histoire du film était violente », et que le fait de « la raconter était un engagement ». Selon lui, la découverte du personnage de Fernand Iveton « était un véritable choc ».

En effet, à travers son drama historique, Hélier Cisterne tente d’offrir aux spectateurs un point de vue extérieur sur le combat et le destin de Fernand Iveton. D’abord un amoureux qui rencontre Hèléne sa compagne, ensuite un militant activiste qui n’hésite pas à rejoindre le FLN, puis un prisonnier et enfin un guillotiné. Cette rétrospective nous permet de découvrir les motivations de Fernand Iveton et ses convictions à l’égard de la décolonisation de l’Algérie, son pays de cœur et de naissance.

Fernand Iveton, seul Européen guillotiné durant la guerre de libération

Né en 1926 à Clos-Salembier à Alger, Fernand Iveton, parfois orthographié « Yveton », était un militant communiste français qui s’était rallié au Front de libération nationale (FLN) pour exprimer son opposition à la politique coloniale.

Ami d’enfance et voisin d’Henri Maillot, militant anti-colonialiste du Parti communiste algérien (PCA), il était ouvrier tourneur à l’usine de gaz d’El Hamma de la compagnie Électricité et Gaz d’Algérie (EGA) et également délégué syndical. Il intègre l’organisation militaire du PCA auprès de nombreux militants, à l’instar d’Abdelkader Guerroudj, puis rejoint le FLN en 1956.

Après s’être proposé pour saboter l’usine à gaz d’El Hamma où il travaillait, le FLN lui remet une bombe confectionnée par Taleb Abderrahmane et transportée par Jacqueline Guerroudj, épouse d’Abdelkader Guerroudj.

Le 14 novembre 1956, Fernand Iveton dépose la bombe dans un local désaffecté de l’usine en question, l’objectif de cet attentat était le sabotage de l’usine afin d’affliger des dégâts matériels et provoquer une panne d’électricité à Alger, il n’a jamais été question de provoquer des victimes parmi les ouvriers, d’ailleurs, il avait demandé à ce que la bombe soit réglée pour 18h30, pour exploser après le départ des ouvriers.

Malheureusement, le militant est repéré par un contremaître de l’usine, qui, en entendant le son de la minuterie, contacte les services de sécurité qui désamorcent la bombe et arrêtent Iveton à 16h20.

Emprisonné et torturé au commissariat d’Alger entre le 14 et le 17 novembre de la même année, le regretté subira les supplices de l’électricité et de l’eau, moyens courants de torture employés par les policiers et les militaires français lors des interrogatoires barbares et sanglants dans le but d’obtenir des informations sur les autres militants.

Le militant anti-colonialiste sera défendu devant le tribunal militaire qui le condamnera à mort pour « tentative de destruction d’édifices à l’aide d’explosifs », ses avocats plaideront la grâce étant donné que l’accusé n’avait pas tué, cependant, le tribunal de cassation militaire rejette la demande.

Fernand Iveton a été exécuté le 11 février 1957 à 5h10 à la prison de Barberousse à Alger. Selon son avocat, Me Albert Smadja, témoin de l’exécution, les derniers mots de Fernand Iveton furent : « La vie d’un homme, la mienne, compte peu. Ce qui compte, c’est l’Algérie, son avenir. Et l’Algérie sera libre demain. Je suis persuadé que l’amitié entre Français et Algériens se ressoudera ».

Enterré au cimetière européen de Bologhine, Fernant Iveton fut le seul Européen ayant été guillotiné durant la guerre de libération nationale afin de servir « d’exemple » aux militants français et européens anti-colonialiste et amis du FLN et de la révolution.