Les poids lourds et autres engins de travaux publics sèment la terreur sur les routes de la ville et de ses périphéries immédiates causant quotidiennement des dégâts matériels et parfois fauchant la vie aux usagers de la route. Les «accidents» et autres malheureux incidents provoqués par ces engins de la mort, qui ont carte blanche pour circuler dans la ville en pleine journée, ne cessent de progresser devant le laxisme des services concernés. Les drames causés quotidiennement non seulement à Oran mais dans tout le pays par ces monstres de la route ne peuvent aucunement être qualifiés d’accidents vu le caractère souvent prémédité des chauffards qui violent en toute impunité le code de la route. Peut-on parler d’accident quand un poids lourd roule à plus de 120 kilomètres sur le 4ème bd périphérique, alors que la vitesse maximale pour les véhicules légers est de 100 kilomètres ? Peut-on parler d’accident quand un camion roule sans plaques de frein ? Peut-on parler d’incident imprévu quand une chargeuse sur pneu, une niveleuse, une pelle mécanique ou un chariot élévateur (clark) déambulent en intra-muros sous les regards complaisants de nos policiers ? Et enfin a-t-on le droit de parler d’accident lorsqu’un poids lourd transportant des matières dangereuses et inflammables roule à tombeau ouvert et se livre à des dépassements périlleux sur la route ?
Ces monstres de la route laissent souvent après leur passage désolation et deuil et les exemples ne manquent pas ces derniers temps. Il y a à peine quelques jours une vieille dame, qui s’apprêtait à traverser la route à l’avenue Sidi Chahmi, a été violement percutée par un clark ! La vieille dame s’en est sortie avec une fracture à la jambe qui a nécessité 50 points de suture. Elle devra finir ses jours cloîtrée sur son lit à cause d’un chauffard qui pour économiser quelques dinars pour le transport de son engin préfère risquer la vie des autres. Il y a quelques jours aussi, une chargeuse sur pneu a écrasé littéralement un véhicule qui était stationné sur la route près du bd Millénium. Heureusement le véhicule était vide au moment de cet «accident». La voiture a été totalement endommagée et elle n’est même pas bonne pour la casse. Un autre véhicule a été aussi endommagé lors de cet «accident». Pas plus tard que samedi, une vieille femme a été mortellement écrasée par un poids lourd sur la route de Sidi El Bachir.
Dans le rond-point de la cité Djamel qui est un passage obligatoire pour les poids lourds qui veulent rejoindre le port d’Oran, les «accidents» et autres collisions impliquant ces monstres sont devenus un fait banal. Tous les jours, des voitures sont endommagées par les camions de grand tonnage. La circulation automobile est régulièrement interrompue à cause des ces poids lourds qui tombent en panne ou déversent leurs cargaisons sur la chaussée. Une semi-remorque a ainsi bloqué récemment la circulation à ce rond-point suite au déversement de sa cargaison composée de grandes canalisations. Quelques jours après, un incident similaire s’est produit au même endroit. Une autre semi-remorque, qui roulait à vive allure avant de déraper, a aussi bloqué la circulation durant presque une journée au rond-point de Haï Es-Sabah.
Outre le non respect du code la route et autres comportements répréhensibles, les usagers de la route n’en peuvent plus de tous les désagréments causés par les va-et-vient incessants des poids lourds qui transportent toutes sortes de matières dangereuses. Le transport de tuf et autres agrégats par les poids lourds à titre d’exemple ne se fait pas conformément aux normes de sécurité provoquant souvent de graves dommages aux véhicules légers. La plupart des conducteurs de poids lourds ne tiennent pas compte des normes de sécurité pour le transport des agrégats. Ces derniers sont tenus par la loi à prendre toutes les précautions possibles et utiles pour que le chargement de leurs véhicules ne puisse pas être une cause de dommage ou de danger pour les autres usagers de la route. Les pièces de grande longueur doivent être solidement amarrées entre elles et au véhicule, de manière à ne pas déborder dans leurs oscillations. Les chaînes, bâches et autres accessoires, mobiles ou flottants, doivent être fixés au véhicule de manière à ne sortir à aucun moment du contour extérieur du chargement et à ne pas traîner sur le sol.
Malheureusement sur nos routes c’est un autre état de fait. Des camions pleins à craquer de tuf et autres agrégats roulent à grande vitesse sur les artères de la wilaya et essentiellement sur le 4ème bd périphérique et la route menant à El Kerma, ce qui constitue un double danger pour les usagers de la route. Ces camions laissent tomber sur la chaussée toutes sortes de gravats qui constituent une menace pour les usagers. Des gravats ou même du tuf qui chutent sur une voiture, un pare-brise ou un motocycliste, selon sa taille, peuvent causer de funestes conséquences. Les carrosseries, les pare-brise et les vitres des véhicules légers sont souvent endommagés par ces agrégats. Les automobilistes se trouvent ainsi durement pénalisés par ce phénomène qui s’amplifie de jour en jour en raison de la hausse impressionnante des poids lourds qui roulent en toute quiétude sur les routes de la ville.
Il y a plus grave, nombre d’automobilistes qui roulent derrière un camion transportant toutes sortes d’agrégats reçoivent souvent des grains de sable ou de tuf et parfois d’autres débris en plein œil, ce qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses. Ces camionneurs fous exposent directement les usagers de la route à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente par la violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi. Il y a aussi les camions toupies qui déversent leurs bétons sur la chaussée provoquant ainsi la détérioration de plusieurs axes routiers. Ces bétonnières chargées à pleine capacité déversent sur la chaussée des litres de béton causant des dommages aux véhicules et la détérioration de plusieurs axes routiers. Ces camions toupies trop chargés commencent à perdre leur chargement dès la première pente sans que les services concernés par le contrôle de ces camions malaxeurs n’interviennent pour endiguer ce phénomène qui est à l’origine de la création de saillies et autres dos de chameau sur la chaussée et qui oblige souvent les automobilistes à faire de dangereux slaloms.
Les automobilistes risquent surtout d’endommager leurs véhicules en passant sur cette substance vaseuse contenant des pierres et gravats avant son assèchement. Combien de morts et de dégâts matériels faudra-t-il donc pour faire réagir les autorités locales et les services de sécurité ?