De retour en France: Les émigrés font le plein!

De retour en France: Les émigrés font le plein!

La disponibilité des marchandises, leur prix raisonnable et l’euro qui est vendu au prix fort font que les magasins du bled sont des plus attractifs. Alors on ne se fait pas prier! Tout est bon à prendre…

Les vacances au bled sont terminées! Nos émigrés sont en train de rentrer les uns après les autres dans leurs pays d’adoption. Mais avant de rentrer «là-bas chez eux», ils font le plein!

Les «Z’magra», comme ils sont communément appelés à Alger, font du shopping au «bled». Fini les sacs «Tati» surchargés qui ornaient les porte-bagages des voitures de nos émigrés de retour au pays. En 2017, cette image est toujours perceptible en contrebas de l’ancienne citadelle, la Casbah. Sauf que…ces mêmes véhicules vont dans le sens inverse, au lieu de sortir du port, ils y rentrent pour prendre la direction de l’Hexagone.

En effet, la disponibilité des marchandises, leurs prix raisonnables et l’euro qui est vendu au prix fort font que les magasins du bled sont des plus attractifs. Alors on ne se fait pas prier! Tout est bon à prendre! De l’habillement, en passant par les produits cosmétiques et la vaisselle, jusqu’à l’électroménager, les vacances des émigrés deviennent l’occasion de conclure de bonnes affaires. «J’ai équipé ma cuisine avec de l’électroménager made in Algeria», nous confie Hakim, trentenaire habitant à Aix-en-Provence. Rencontré au Hamiz, dans la banlieue Est d’Alger, Hakim, était en pleine chasse. «Je suis à la recherche d’un téléviseur LED, pour égayer mes soirées», dit-il. «Vous vous rendez compte, des LED 42 » qui me reviennent à 200 euros, il y a de quoi être heureux», se réjouit-il.

Hakim se dit accro du Hamiz et de ses magasins. «Je suis devenu un habitué des lieux, je me suis même fait des connaissances parmi les vendeurs qui me font de bonnes remises», rapporte le jeune homme tout souriant. «J’ai…», il est interrompu par l’un des vendeurs, qui confirme que Hakim est un client très fidèle. Mais il n’est pas un cas exceptionnel. Ce commerçant nous rapporte que nombreux sont les Algériens issus de l’émigration qui fréquentent les magasins du célébrissime quartier de la banlieue algéroise réputée pour la vente de l’électroménager et des produits électroniques. «En été, plus particulièrement, on a beaucoup de clients compatriotes vivant dans le Vieux Continent. Ils achètent divers produits électroniques, de l’électroménager. Mais ce qui les attire le plus, ce sont les démodulateurs numériques. Enfin, tout ce qui leur permet de ‘décoder » gratuitement leurs chaînes TV favorites», révèle le sympathique vendeur.

Incontournable le shopping au «bled»…

Revenons à Hakim, l’émigré, qui nous explique que pour l’électroménager, les prix sont beaucoup plus abordables qu’en France. «On vient chaque été au bled qui plus est, en voiture. Alors, pourquoi ne pas profiter pour faire des affaires?», confie-t-il. Notre tournée à la recherche des émigrés du nouveau millénaire nous mène cette fois-ci à un autre quartier marchand de la banlieue est d’Alger, qui est cependant, réputé pour l’habillement et la vaisselle. Certains d’entre vous ont dû déjà deviner qu’il s’agit du marché El Djorf à Bab Ezzouar, plus connu sous le nom de «Dubaï». Notre halte a été des plus fructueuses puisque les artères du quartier grouillaient de monde aux divers accents de l’autre côté de la Méditerranée.

Mais, contrairement à El Hamiz où les hommes étaient plus nombreux, le marché Dubaï, est plus prisé par les femmes… «M’an (Maman), tu as des belins (argent en provençal)? J’ai trouvé des peuchères (chaussures)», demande avec un bel accent provençal, Anaïs, jeune adolescente marseillaise, à sa mère. Nous décidons de les interpeller. «El Djorf est ma caverne d’Ali Baba. Je peux y passer des journées entières sans m’ennuyer tellement je trouve des merveilles. Vous vous rendez compte, avec 200 euros je peux gâter toute ma famille…», répond, toute souriante, la maman d’Anaïs qui assure qu’El Djorf est un incontournable lieu de ses voyages au «bled»

La «harga», fait-elle aussi le trajet inverse?

Fati est de Paris. Elle est venue spécialement de France pour les préparatifs du mariage de sa fille. «Toutes les tenues pour le mariage de ma fille, je les ai achetées en Algérie il y a quelques mois, là je suis revenue pour acheter la vaisselle, les dragées et les boîtes à gâteaux…», avoue-t-elle. «Grâce aux commerçants algériens, je vais organiser à ma fille le mariage de ses rêves. Faire mes courses en Algérie m’a permis beaucoup d’économies, en plus, Wallah, qu’il y a des choses qu’on trouve au bled et pas en France», atteste-t-elle. Aux centres commerciaux de Bab Ezzouar, d’Ardis et de City-Center, les émigrés sont aussi nombreux qu’à El Hamiz et El Djorf. Des familles venues des quatre coins de l’Europe profitent de la beauté et de l’esprit convivial de l’endroit.

«Wawe! Je suis contente de voir qu’enfin le pays dispose de centres commerciaux dignes de ce nom», affirme fièrement Samira, une Algérienne de Getafe (banlieue de Madrid) qui était accompagnée de Lamine son mari et leurs trois enfants. «Le centre ne ferme pas tôt. On profite de la soirée, des beaux restos. On fait du lèche-vitrine…Que demander de plus!», s’écrit-elle. Lamine, son mari a, quant à lui, profité de cette sortie pour faire du shopping. «J’ai pas pu résister devant une paire de Timberland qui m’est revenue aux alentours de 80 euros. La même est beaucoup plus chère en Espagne, qui, faut-il le rappeler, est l’un des pays les moins chers d’Europe à cause des taxes qui sont pratiquement inexistantes», précise-t-il.

La raison de cette différence de prix est le fait que les franchises importent la marchandise au prix de la banque, et le revendent à son équivalent en dinars. Mais comme ce dernier au marché noir est presque au double de son prix officiel, pour les émigrés le même produit coûte plus de la moitié qu’en France. Chose que Belkacem, confirme. Pour lui, cette année, c’est le moment ou jamais de faire des affaires au pays. «Avec l’augmentation des cours de l’euro au marché noir, c’est le Jackpot. La cagnotte qu’on empoche en dinars n’a jamais été aussi conséquente», rapporte-t-il, tout content. L’Algérie fait donc le bonheur de sa communauté installée à l’étranger. Belles vacances sous le soleil, shopping à volonté… La tendance s’est donc inversée, ce sont les expatriés qui trouvent désormais leur bonheur dans les commerces du «bled». Il ne sera donc pas étonnant de voir la «harga», faire elle aussi, le trajet inverse.