La liste préliminaire des candidats dont les dossiers ont été validés pour prendre part à la course à la présidentielle prévue pour le 12 décembre prochain a été révélée hier par le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi.
Il s’agit d’Azzedine Mihoubi, secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND) avec plus de
68 000 signatures validées, d’Abdelkader Bengrina, président du Mouvement El Bina El Watani avec plus de 83 000 signatures validées, d’Abdelmadjid Tebboune, candidat indépendant avec plus de 104 000 signatures validées, d’Ali Benflis, président du parti Talaie El Hourriyet avec plus de 81 000 signatures validées, et d’Abdelaziz Belaid, président du Front El Moustaqbal, avec plus de 77 000 signatures validées.
Le tableau des candidatures retenues fait donc ressortir quatre chefs de parti et un indépendant, qui a préféré ne pas se présenter sous la bannière de son parti, le FLN.
Sur un total de 22 postulants ayant déposé leurs dossiers au niveau de l’ANIE, seulement cinq ont été retenus car ayant satisfait les conditions fixées par la loi. Le reste a buté notamment sur la récolte des 50 000 signatures exigées, dont un minimum de 1 200 devaient être recueillies à travers au moins 25 wilayas. Au début de l’opération, l’ANIE a enregistré 127 postulants lors des retraits de formulaires sur lesquels 22 ont pu déposer des dossiers, le reste s’étant autodisqualifiés lors de la collecte des signatures. Après «le tamis» de l’ANIE, il n’en est resté qu’une petite poignée, se comptant sur les doigts d’une seule main.
Mohamed Charfi, qui a animé hier une conférence de presse au siège de l’ANIE, a déclaré que les dossiers, dont l’étude a pris finalement six jours au lieu de sept (sept jours étant le délai maximum fixé par la loi), ont été étudiés minutieusement par un personnel nombreux, dont pas moins de 170 agents d’administration ont été réservés spécialement à l’informatisation des données, en sus des nombreux hommes de loi, entre magistrats, greffiers et autres… «En tout, ce sont pas moins de 220 000 heures de travail cumulées que nous avons effectuées ici à l’ANIE», a insisté M. Charfi, en répétant le nombre d’heures de travail.
Il a, ensuite, expliqué toutes les étapes des études de dossiers, de la «vérification sommaire à l’arrivée des postulants jusqu’à la validation», en passant par «la vérification des formulaires de souscription des signatures individuelles page par page, et la vérification des signatures une par une». Toutes ces explications sur lesquelles il est revenu avec force détails à l’appui ont été données «pour éliminer le doute de ceux qui estiment que les élections ne seront pas transparentes et que les garanties du déroulement du scrutin dans la transparence ne sont pas réunies», selon le président de l’ANIE. Il a ajouté que «toutes les anciennes pratiques dénoncées qui ont fait que les élections ne soient pas crédibles sont désormais révolues. L’ANIE s’engage à garantir la transparence du scrutin à travers lequel les articles 7 et 8 de la Constitution se réaliseront».
« Pourquoi voulez-vous que des étrangers viennent nous surveiller ? »
Le président de l’ANIE a, par ailleurs, fait savoir que le coup de starter de la campagne électorale est prévu pour être donné le 17 novembre prochain, soit dans quinze jours. Entre-temps, les postulants qui ont vu leurs dossiers rejetés par l’Autorité en charge des élections et qui se sentent lésés ont 48 heures pour déposer un recours auprès du Conseil constitutionnel (CC) qui, lui, dispose de sept jours au maximum pour rendre le verdict final les concernant. Au chapitre des recours, le parti de Belkacem Sahli, l’Alliance nationale républicaine (ANR), a déclaré hier, dès l’annonce des résultats, avoir reçu «avec regret» la notification de l’ANIE, quant à la non validation du dossier de son candidat et que, de ce fait, il déposera un recours auprès du CC.
Répondant à la presse à propos de la non-présence d’étrangers le jour du scrutin, M. Charfi a été sans concession. ««Ce n’est pas une question de crainte, comme vous avez dit, mais une question de principe ! Nous sommes un pays indépendant.
L’ANIE est une autorité indépendante qui, elle, se porte garante pour la transparence du scrutin. Pourquoi voulez-vous que des étrangers viennent nous surveiller ? Ne sommes-nous pas souverains ? Pourquoi ne vont-ils pas dans d’autres pays lorsque ces derniers ont des élections ? Pourquoi le peuple ainsi que vous tous ici ne venez pas vous-même surveiller le scrutin ? J’invite tout le monde à prendre l’initiative de venir veiller à sa transparence. Tout le monde doit se sentir responsable…»
Benflis : «Je libérerai la justice et les médias»
Intervenant lors d’une conférence de presse à l’issue de l’annonce de la liste préliminaire par l’ANIE, le désormais candidat à la présidentielle Ali Benflis a animé une conférence de presse dans laquelle il a promis de «libérer la justice ainsi que les médias» s’il était élu. Le candidat malheureux à deux élections présidentielles, en 2004 et en 2014, promet de faire de ces deux secteurs, entre autres, de vrais «contrepouvoirs». Pour le secteur de la justice, il promet ainsi de la «libérer des contraintes et des liens qui la lient». Il en appelle au témoignage de ceux qui le connaissait quand lui-même était à la tête de la justice, «une période au cours de laquelle ont été enregistrés les meilleures mesures et décisions prises pour le secteur», a-t-il estimé.
M. Benflis estime que «la solution de sortie de crise est entre les mains du peuple» et que «les prochaines élections constituent la solution la moins coûteuse en ces temps difficiles que vit le pays». «L’heure est grave. Elle est à la prise de chacun de ses responsabilités envers ce pays», a-t-il soutenu.
Tebboune : «Je promets des réformes dans tous les secteurs»
Pour sa part, Abdelmadjid Tebboune, qui se présente pour la première fois pour la course au fauteuil d’El Mouradia, a déclaré, avec regret, dans ses réponses à la presse, que «des gens ne le prenaient pas au sérieux pendant une certaine époque» et disaient qu’il avait «des tendances trop populistes». Il répond : «Je ne suis ni populiste ni j’ai des tendances. Je suis un libre observateur de ma société. Je sais ce qui s’y passe.»
Il étayera ses propos en soutenant avoir assisté à «la fracture qu’il y a eu dans notre société, où il y en a qui jouent avec des milliards pendant que d’autres ne trouvent même pas un sachet de lait». «Je sais à quoi vous faites allusion quand vous me posez ce genre de questions et je vous dis que j’ai le courage de vous répondre à propos de toute ambiguïté», a-t-il encore dit.
«Si le peuple me donne son quitus pour le prochain mandat présidentiel, je promets d’entreprendre toutes les réformes qu’il faut : de la Constitution à la Défense nationale.
Tous les secteurs connaîtront les réformes qu’il faut et des solutions radicales à leurs problèmes. C’est ce qui nous mènera vers une nouvelle République et ce ne sont pas des paroles en l’air ou de simples slogans», a assuré M. Tebboune.
INES DALI.