La reprise inquiétante de l’épidémie du coronavirus en Algérie, avec l’avènement de la troisième vague causée par le variant Delta, n’a pas été sans conséquence sur le personnel médical au premier front de lutte. Les victimes se comptent désormais par dizaines.
Dans les structures sanitaires, notamment publiques, la situation devient de plus en plus grave ; le bilan des contaminations et des décès parmi les personnels soignants ne cesse de grimper. Le constat a été fait par Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des Praticiens de la Santé publique SNPSP.
Dans un entretien accordé au quotidien El Watan, le Docteur a fait état de 24 décès parmi les personnels soignants en seulement 24 jours. « Je peux vous dire que c’est l’hécatombe. En 24 jours, nous avons perdu 24 médecins, aussi bien du secteur privé que du public », a-t-il déclaré.
À ce propos, il a tenu à préciser qu’il y a une dizaine de jours, « le nombre de professionnels décédés de la Covid-19 était de 340, dont 200 médecins ». Pour ce qui est du bilan des contaminations, il affirme qu’il « est passé en deux semaines de 20 000 à 30 000 cas », soulignant sans hésitation « que près de 20% du personnel a été touché ».
Réticence à la vaccination : « la situation a basculé »
Interrogé sur les raisons d’une telle situation auprès des personnels soignants, l’intervenant cite les résultats d’une enquête menée dans plusieurs wilayas du pays, qui ont montré que « les moyens de protection sont disponibles, mais la terrible tension sur ces derniers a fait que la consommation est devenue trop importante ».
Ajouté à cela, il cite également « le surmenage, le burnout, la fatigue, le stress, les négligences qui peuvent être fatidiques parce que le personnel exerce dans un environnement totalement pollué ». Ce qui accentue, selon lui, la diffusion du virus et les contaminations.
Concernant la question des réticences des personnels soignants quant à la vaccination, le président du SNPSP affirme « qu’au début de la pandémie, le personnel de santé était un peu réticent ». Or, ajoute-t-il, « depuis quelques mois, la situation a basculé. Il y a un engouement pour la vaccination ».