fairLe photographe, résistant et faussaire Adolfo Kaminsky, qui était engagé dans la cause algérienne durant la Guerre de libération nationale algérienne, est décédé, le lundi 9 janvier 2023 à Paris, à l’âge de 97 ans, ont annoncé ses proches.
Photographe de talent, mais aussi un « faussaire de génie » pour la résistance française contre le nazisme, Adolfo Kaminsky était un des soutiens précieux de la cause algérienne et d’autres mouvements de libération dans le monde : antifranquistes en Espagne, anti-Salazar au Portugal, lutte contre les colonels en Grèce, Printemps de Prague. Mais aussi les luttes contre les dictatures en Amérique latine, ANC, Guinée, Angola, déserteurs américains pendant la guerre du Vietnam et même jusqu’à Daniel Cohn-Bendit en mai 1968.
En épousant la cause de l’indépendance algérienne, ce photographe a rejoint les réseaux Jeanson et Curiel qui apportaient une aide logistique au Front de libération nationale (FLN) pendant la Révolution. « Faussaire de Paris », Adolfo Kaminsky fournissait en faux papiers des militants du FLN.
— sarah kaminsky (@skaminsky) January 9, 2023
Il est aussi à noter que cet ami de la cause algérienne avait posé ses valises en Algérie durant les années 70, où il a vécu une dizaine d’années avant de se réinstaller en France.
Adolpho Kaminsky était un « humaniste, photographe et résistant français, spécialisé dans la fabrication de faux papiers », a résumé Sarah Kaminsky, qui avait raconté la vie de son père dans le livre Adolfo Kaminsky, une vie de faussaire.
Qui était l’humaniste et photographe Adolfo Kaminsky ?
Fils d’immigrés russes juifs, né à Buenos Aires en 1925 avant d’aller en France, il se rêvait artiste-peintre. Mais à 17 ans, il s’engage dans la Résistance à Paris, après être sorti du camp d’internement de Drancy. Il offre ses connaissances en chimie et en photogravure, utiles pour la décoloration des encres qui vont servir à fabriquer de faux papiers, dans un laboratoire clandestin, sauvant des milliers de vies. Le début d’une riche carrière de trois décennies, au péril de sa vie et au mépris de sa santé, sous couvert d’une activité de photographe tout ce qui il y a de plus banal dans ses ateliers du Quartier latin ou du quartier du Sentier.
En 1971, il avait mis fin à ses activités de faussaires. Son œuvre de photographe, à l’humanisme rappelant Doisneau, avait fait l’objet d’une exposition, notamment au Musée d’art et d’Histoire du Judaïsme en 2019. Sa vie a fait l’objet d’une pièce de théâtre. Le metteur en scène Jean-Claude Falet lui avait rendu hommage, en 2016, en adaptant le roman de la fille de cet héros de l’ombre.