La déchéance de nationalité, que l’on croyait enterrée, sera bien soumise au vote du Parlement. Si la presse et Christiane Taubira se sont emballées en annonçant le retrait de cette mesure, le président, en son for intérieur, ne l’a jamais envisagé.
Lourdement désavouée, Christiane Taubira a aussitôt fait savoir qu’elle ne rendrait pas son tablier. Elle a pourtant avalé un énième boa constricteur.
Furieux qu’elle ait annoncé mardi à la surprise générale — et par erreur — que l’extension de la déchéance de nationalité était enterrée, Hollande et Valls ne lui demanderont pas de quitter le gouvernement. « Ils ne veulent pas en faire une martyre à gauche », décrypte un ministre.
Depuis que leprésident a annoncé cette mesure controversée, l’icône de la gauche a tout fait pour faire barrage. A ses yeux, cela constitue une brèche inacceptable dans le droit du sol.
D’où son coup d’éclat mardi, quand elle a annoncé l’abandon de cette mesure… depuis Alger, où elle était en visite officielle. Tout un symbole. « Ça pose un problème de fond sur un principe fondamental qui est le droit du sol, auquel je suis profondément attachée », a-t-elle lancé sur une radio algérienne.
Elle mange son chapeau en direct à la télévision
Lorsqu’il a découvert ses propos, Hollande est sorti de ses gonds et a aussitôt appelé Valls. Tous deux ont sommé le cabinet de la garde des Sceaux de rectifier le tir. Un proche de Hollande ironise : « Taubira a essayé de lui tordre le bras. Là, elle avale sa couleuvre. Elle était dans sa logique de dire les choses. Mais il ne va pas falloir qu’elle fasse ça dix fois, parce qu’elle a alimenté le feu ! » La droite, embarrassée, s’est empressée d’utiliser la garde des Sceaux comme punching-ball, réclamant sa démission. Mais Christiane Taubira a fait amende honorable hier, mangeant son chapeau en direct et concluant d’un très sec « point final ». Reste un souci pour la ministre rebelle : à force de cautionner des idées qu’elle désapprouve en restant au gouvernement, ses partisans risquent de se détourner. Mercredi, l’aile gauche de la majorité l’a sommée de choisir son camp. Un ministre prévient : « Elle finit par devenir Mme Culbuto ! Elle prend des positions, elle est désavouée, mais elle continue. Tout ce qui l’intéresse, c’est de construire sa stature… »