L’ancien patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), Mohamed Mediène, alias Toufik,Said Bouteflika, frère et conseiller de l’ex-Président de la République, Athmane Tratag dit Bachir, ex-coordinateur des services de sécurité, et Louisa Hanoune, Cheffe du Parti des travailleurs, ont été condamnés dans la nuit de mardi à mercredi par le tribunal militaire de Blida à une peine de 15 ans de prison pour atteinte à l’autorité de l’Armée et complot contre l’Autorité de l’Etat.
Lors de sa comparution hier devant le tribunal militaire de Blida, le général Toufik a fait une déclaration dans laquelle il dénonce un « Etat complice des voleurs et des corrompus » , « ces oligarques et leurs complices institutionnels ont introduit dans notre pays le principe systémique des pots de vin et des pots de miel » a-t-il dénoncé devant le juge du tribunal militaire de Blida.
Cette déclaration a été lue devant la presse par son avocat Me Lahcène Seriak. Algerie360.com vous rapporte le texte intégral.
Texte intégral de la déclaration de Mohamed Mediène.
« Le complot réel et véritable qui me place devant vous en tant qu’accusé aujourd’hui, vient de mes tentatives de lutte contre la corruption. Il vient de loin.
J’ai lancé de multiples enquêtes sur de graves dossiers de corruption et de détournement, dès que j’ai constaté avec mes services le développement considérable de la corruption au sein de nos jeunes organisations financières et industrielles, les dégénérant et les tuant dans l’œuf, atteignant l’ensemble des secteurs de la vie nationale économique et sociale. Un développement criminel oligarchique d’une corruption vite mélangée avec la politique et l’exercice des missions des pouvoirs publics, voire le fonctionnement de l’Etat.
Une transformation rapide et nouvelle de cette forme de criminalité, hautement dangereuse pour l’existence même de notre nation. Avec le nombre de gens mêlés aux affaires et au trafics véreux, les appétits ont grandi. La moindre entreprise spontanée, gracieusement financée, porte sur des chiffres que l’on a jamais osé imaginer. La soif de faire des affaires malhonnêtes et de les faire vite et devenue générale.L’appât du gain facile a levé tous les scrupules. La spéculation criminelle anti-économique de l’oligarchie ambiante a apporté avec elle une véritable démoralisation nationale dans l’ensemble des domaines constitutifs de notre être historique, économique et vivrier ; travail, création, patrie, honneur, honnêteté, tout cela est parti.
Haine populaire de l’Etat complice des voleurs et des corrompus. Le profit, le gain ne dépendent plus de l’honnêteté et du travail mais de la relation criminelle, de l’habileté criminelle à voler et à détourner. Oligarques, démarcheurs, intermédiaires, rabatteurs, publicistes financiers, politiciens, financiers ont pullulé par générations spontanées à l’ombre de l’Etat corrompu et des oligarques avec leurs fausses grandes entreprises.
Enhardis, ces oligarques et leurs complices institutionnels ont introduit dans notre pays le principe systémique des pots de vin et des pots de miel, des commissions faramineuses devenues un véritable « cancer » des projets publics, comme la Sonatrach, l’autoroute Est-ouest. Ils ont mis en place des organisations criminelles formant par leur ramifications mondiales et internes une « puissance occulte » dans les rouages de l’Etat, qui doit compter avec elle pratiquement sur tout. Ténébreusement, sournoisement, officiellement, tout un personnel institutionnel criminel et chaque jour plus nombreux avait étendu un habile réseau destiné à compromettre et corrompre les plus honnêtes de nos citoyens et de nos responsables. La corruption allait donc faire disparaître littéralement et physiquement notre jeune nation, ses territoires et ses richesses nationales, voire son peuple dépossédé de toute valeur de vie composée.
Je persiste à croire, malgré le mal fait à ma famille et à mes enfants, aux principes qui animent celles et ceux qui luttent contre la corruption destructrice. Que mes initiatives d’enquête contre la grande corruption demeurent le fer de lance de mon devoir accompli, même s’il doit me coûter très cher, voire le prix de ma vie ».
Mohamed Mediène, général de Corps d’Armée à la retraite.