Alors que le chiffre d’affaires du groupe a retrouvé quelques couleurs à l’issue de l’exercice 2018, Sonatrach peine encore à enrayer la baisse de la production primaire d’hydrocarbures, un déclin amorcé depuis maintenant une décennie. La baisse des niveaux de production en 2018 a concerné l’ensemble des hydrocarbures, lit-on dans un rapport diffusé, hier, par le groupe Sonatrach.
La production primaire de pétrole brut avait atteint 48,5 millions de tonnes (contre 49,3 millions de tonnes en 2017), dont 20,7 millions de tonnes produites en association avec des compagnies étrangères en 2018. La production primaire de condensat s’est élevée à 8,9 millions de tonnes (contre 9 millions de tonnes en 2017), dont 2,1 millions de tonnes produites en association avec des compagnies étrangères en 2018. Quant à la production de gaz de pétrole liquéfié (GPL), celle-ci a atteint 7,9 millions de tonnes (contre 8 millions de tonnes en 2017), dont 2,1 millions de tonnes en association avec des partenaires étrangers.
La production primaire de gaz naturel s’est en revanche établie à 132 milliards de m3 standards (Sm3) en 2018 (contre 135 milliards Sm3 en 2017), dont 24,2 milliards Sm3 produits en association. Toutes les courbes connaissent ainsi une tendance baissière. Au total, la production primaire totale du groupe Sonatrach a été de 192,3 millions de TEP en 2018, dont 48,4 millions de TEP en association avec des compagnies étrangères. La production était de 196,5 millions de TEP en 2017, marquant ainsi une baisse de 2,1% entre 2018 et 2017.
Même si le chiffre d’affaires réalisé l’année dernière était en hausse (+17,5%), une performance à mettre sur le compte de la reprise des cours du brut en 2018, Sonatrach ne parvient pas à relancer l’activité de l’amont pétrolier et gazier. Le déclin de la production primaire est symptomatique d’un déficit criant en investissements étrangers.
Les quatre derniers appels d’offres lancés par Sonatrach depuis 2008, destinés d’ailleurs à enrayer cette tendance baissière amorcée fin 2006 et courant 2007, se sont soldés par un échec cuisant. La baisse de la production s’est traduite par le recul des quantités d’hydrocarbures exportées ; une conséquence qui se lit aisément dans les différentes notes de conjonctures de la Banque d’Algérie publiées depuis 2007.
Cela fait maintenant dix années, voire plus, que la production primaire et les volumes d’hydrocarbures exportés connaissent un mouvement à la baisse, sans que le groupe Sonatrach ne parvienne à endiguer. La compagnie publique des hydrocarbures tente une réécriture de la loi fondamentale régissant l’investissement dans le secteur afin de capter les investisseurs et inverser la tendance tant au plan de la production qu’au niveau des quantités exportées.
Dans une récente note de conjoncture concernant le 3e trimestre 2018, l’Office national des statistiques (ONS) a fait remarquer que la production dans le secteur des hydrocarbures a reculé de 7,8% par rapport à la même période de l’année 2017. Des statistiques qui confirment le trou d’air que connait le secteur ces dernières années, mais qui corroborent surtout le bilan de Sonatrach publié hier. Par ailleurs, le groupe public des hydrocarbures a annoncé dans le même rapport avoir réalisé un chiffre d’affaires de près de 39 milliards de dollars en 2018, contre 33,2 milliards de dollars en 2017, en hausse de 17,5%. Ce chiffre d’affaires a été atteint en dépit d’une légère diminution du volume global exporté qui est passé à 98,9 millions de Tonnes d’équivalent pétrole (TEP) en 2018, contre 106,2 millions de TEP en 2017, soit une baisse de près de 7%. Cela s’explique, d’après Sonatrach, par l’adhésion de l’Algérie aux accords Opep-non-Opep portant sur la réduction de la production de pétrole brut. En ajoutant les quantités destinées au marché national (52,5 millions TEP), les volumes d’hydrocarbures liquides et gazeux commercialisés en 2018 ont atteint 151,4 millions de TEP contre 161,2 millions de TEP en 2017, en baisse de 6,1%.
S’agissant de ses activités de liquéfaction, raffinage et pétrochimie, Sonatrach fait état d’une production de 22,2 millions m3 de gaz naturel liquéfié (GNL) en 2018 contre 27,1 millions m3 en 2017.
En matière de produits raffinés (pétrole brut traité et condensat), Sonatrach a produit 25,7 millions de tonnes en 2018 contre 28,2 millions de tonnes en 2017. Dans le domaine de la recherche et l’exploration, Sonatrach annonce la découverte de 30 nouveaux champs pétroliers et gaziers en 2018, contre 33 découvertes en 2017.
Pour ne citer que ces indicateurs, il apparaît ainsi clairement que le mouvement baissier de ces dernières années n’a pu être enrayé. D’où le défi de mettre à niveau la loi sur les hydrocarbures afin de tenter de relancer l’investissement dans le secteur.<