L’équipe slovène était à notre portée, elle n’était pas fameuse», déclare un homme d’un certain âge à un vendeur de cigarettes.
L’Algérie est déçue. Les Verts ont manqué leur première sortie au Mondial sud-africain. Des millions de supporters qui se préparaient à danser, chanter et défiler se sont cloués chez eux. Les quelques citoyens sortis quelques minutes après la fin de la rencontre avaient la mine défaite.
«On aurait pu gagner !» Voilà une phrase répétées par les fans de la formation nationale. «L’équipe de la Slovénie était à notre portée, elle n’était pas fameuse», déclare un homme d’un certain âge à un vendeur de cigarettes.
Quelques minutes après le sifflet final, seul une voiture passe à la place Audin en klaxonnant, sans parvenir à remonter le moral des Algérois. L’ambiance était tellement morose que tout inspirait tristesse et déception. «La défaite était tellement bête que personne ne pourrait la justifier», se désole Nassim. Son copain Lyes raconte que «sa mère avait pleuré». «Elle était tellement enthousiaste que cet échec l’a carrément refroidie».
A la Grande Poste, au cœur d’Alger, des groupuscules de jeunes se forment, on dirait des forums de discussion où l’on tchatche à haute voix. Tout le monde critique et défend, à la fois Ghezal et Chaouchi. «Ils ne sont pas moins nationalistes que nous, ils voulaient gagner. Allah ghaleb, c’est ça le foot», tranche l’un d’entre eux sans beaucoup convaincre ses interlocuteurs. Ce n’est pas facile de gérer un sentiment de frustration.
L’Algérie a bien joué pendant la première mi-temps, les coéquipiers de Ziani avaient même créé de belles occasions mais sans pouvoir traduire leur détermination en buts. Si les premiers instants ayant suivi la fin de la rencontre étaient difficiles pour les supporters, quelques heures après l’on commence, quand même, à se relever du choc.
«Nous avons encore deux matchs devant nous, l’espoir est permis», dira un jeune serveur dans une cafétéria. «Le sang algérien qui a vaincu l’Allemagne continue de couler dans cette équipe qui affrontera l’Angleterre», ajoute-t-il. Un agent de sécurité rencontré au Maurétania, croit dur comme fer en la possibilité de se qualifier au deuxième tour.
«J’ai abandonné le travail et je ne le regrette pas, il faut soutenir notre équipe même dans la défaite», clame-t-il. Cependant, l’espoir manifesté par quelques citoyens ne reflète pas l’état d’esprit de la majorité écrasante des Algériens. Certains ont «peur», d’autres «désespèrent» de voir les Verts au deuxième tour. Mais tous tiennent à suivre les deux matches restants.
Certains proposent même d’aller renforcer les rangs des supporters algériens en Afrique du Sud. «Si leur qualification dépend de la présence du public à leurs côtés, nous sommes prêts à rééditer l’expérience de Oum Dourmane», affirme stoïquement un jeune qui a fait le voyage au Soudan. Dans tout le pays le sentiment est le même. Des millions d’Algériennes et d’Algériens continuent de ruminer : «Une défaite qu’on aurait pu éviter», estime-t-on.
C’est pourquoi un sentiment de colère et de chagrin taraude les esprits de milliers de supporters. Aussi, des milliers de fumigènes et de pétards ont été épargnés et gardés pour le prochain match. «Et si l’Algérie remporte ces deux derniers matchs ?» s’interroge Amine. Il dit attendre avec autant d’enthousiasme et d’espoir le résultat du Bac et celui des matchs.
Aomar F.