Les premiers éléments dévoilés de la loi des finances complémentaire pour l’année en cours prévoient un déficit budgétaire de pas moins de 3310 milliards de dinars soit, 24.82 milliards de dollars.
En principe, le déficit budgétaire reflète le solde négatif du budget de l’État résultant du fait que les recettes de l’État (hors emprunt) sont inférieures à ses dépenses (hors remboursement d’emprunt).
Par conséquent, l’État se retrouve contraint de combler ce difficile soit par l’emprunt, ce qui entraîne une hausse de la dette publique intérieure, des emprunts extérieurs ou une couverture par la réserve générale de l’État, à l’instar du fonds de régulation des recettes qui a été constitué en Algérie, ou bien l’adoption de mécanismes tels que le financement non conventionnel, comme cela s’est produit précédemment.
Concernant ce dernier cas de figure, à savoir le financement non conventionnel appelé communément « la planche à billets », il faut noter qu’il est permis par la loi en vertu de la révision l’ordonnance n°03-11 du 26 aout 2003 relative à la monnaie et au crédit, modifiée et complétée.
Il s’agit donc de l’article 45 bis qui stipule que « la Banque d’Algérie procède, à titre exceptionnel et durant une période de cinq ans, l’achat directement de titres émis par le trésor pour la couverture des financements du trésor et le financement de la dette publique interne et permettre au trésor, s’il est nécessaire, de financer le Fonds national d’investissement (FNI), dans le cadre des contributions de l’État aux investissements ou des financements à long terme de programmes publics d’investissement ».
Un déficit budgétaire estimé à 3310 milliards de dinars
Le déficit budgétaire constitue donc, l’un des éléments les plus importants à prendre en compte notamment en vue des fluctuations enregistrées dans les importations et les hausses des dépenses. Selon des éléments dévoilés de la PLFC 2021, rapportés par le journal El Khabar, les dépenses budgétaires dépassent 8642 milliards de dinars, soit l’équivalent de 64,78 milliards de dollars, dont 5664 milliards de dollars de budget de fonctionnement (l’équivalent de 42,46 milliards de dollars) et un budget d’équipements de 2978 milliards de dinars (soit l’équivalent de 22,33 milliards de dollars).
En revanche, les prévisions prévoient des recettes budgétaires d’environ 5331 milliards de dinars, soit l’équivalent de 39,97 milliards de dollars, dont 1927 milliards de dinars de taxe sur les revenus pétroliers, soit l’équivalent de 14,45 milliards de dollars et 3404 milliards de dinars (25,52 milliards de dollars), de taxes ordinaires.
Avec ces indicateurs, le PLFC 2021 prévoit donc un déficit budgétaire estimé à -3310 milliards de dinars, soit l’équivalent de 24,82 milliards de dollars, ce qui dépasse le niveau des recettes pétrolières. Et un déficit de trésorerie d’environ -4140 milliards de dinars, soit l’équivalent de 31,04 milliards de dollars.
Ceci dit, les besoins de financement sont donc estimés à 3954 milliards de dinars, soit l’équivalent de 29,64 milliards de dollars. Cela intervient au moment où la taxe sur le revenu pétrolier ne couvre que moins de 35% du budget de fonctionnement, qui représente essentiellement la masse salariale.
Quelles solutions pour combler le déficit budgétaire ?
Il est donc à noter que le déficit budgétaire est plutôt important et doit être comblé à par la mise à disposition de ressources financières, et ce, à travers plusieurs choix et alternatives. Il s’agit donc, en premier lieu, de ponction de la caisse de régulation des recettes qui a été activé en 2020. Or, ces ressources restent insuffisantes d’autant qu’il est à seulement 526,8 milliards de dinars, selon le même journal.
Il peut s’agir également du recours à l’endettement intérieur. Mais il convient de noter ici que la dette publique a atteint des niveaux importants, estimés fin 2020 à environ 9335 milliards de dinars (près de 70 milliards de dollars), soit plus de 45% du Produit intérieur brut (155,5 milliards de dollars). Les banques sont confrontées à des problèmes de liquidité abondante, bien inférieure à 1 000 milliards de dinars.
Pour ce qui est de l’endettement extérieur, la marge de manœuvre est limitée en fonction des dettes publiques estimées modestes à seulement 1,2 milliard de dollars. La problématique réside, par ailleurs, dans les mécanismes de prêt qui ne sont pas nécessairement disponibles à des niveaux élevés même dans le cas des banques de développement, ce qui a été le cas avec la Banque africaine de développement, qui a fourni 900 millions d’euros fin 2016.
Il est également à noter que le recours aux financements non conventionnels (planche à billets) fait l’objet de réserves de la part des pouvoirs publics. En effet, le président Tebboune avait souligné à maintes reprises l’exclusion d’une telle option. Pour ce qui est de l’endettement intérieur sous forme de prêts internes, il est considéré inefficace, comme le montrent les expériences précédentes.