Le dégel des relations entre Alger et Paris, qui traversent actuellement une zone de turbulences, n’est pas pour demain, à en croire le Président français Nicolas Sarkozy.
Mardi à la clôture du sommet France-Afrique de Nice, il a estimé qu’»il faudra du temps pour que les relations franco-algériennes s’apaisent».
Bien sûr, les propos du président français sont relatifs au débat sur les crimes de guerre de la colonisation française en Algérie, et que Paris refuse toujours de reconnaître. C’est l’un des grands dossiers qui bloquent actuellement une avancée des relations entre les deux pays, en panne depuis plusieurs années, plus exactement depuis la visite en 2007 de Sarkozy à Alger.
Pour autant, la participation du Président Abdelaziz Bouteflika au sommet de Nice, un moment incertaine, voire «impossible», a quelque peu dégelé le climat politique entre les deux historiens français de «crimes contre l’humanité». Bien plus, le décret de 2005 qui glorifie la colonisation a compliqué encore davantage les relations entre l’Algérie et la France, au moment où les Algériens s’attendaient à «une repentance» de la France.
Et Sarkozy le reconnaît luimême, mardi à Nice. Il dira à ce propos que «les problèmes qui peuvent exister entre l’Algérie et la France, ce ne sont pas des problèmes qui existent entre deux présidents, ce n’est pas personnel, on s’entend très bien, on se connaît très bien.
Il n’en reste pas moins qu’il y a une Histoire entre l’Algérie et la France, que l’Histoire est compliquée, qu’il y a beaucoup de souffrance, beaucoup d’incompréhension et qu’il serait tellement important que les historiens puissent faire leur travail librement».
Il joute que «pour moi, la guerre d’Algérie, c’est une Histoire avec un grand H, ce n’est pas une expérience puisque je n’avais pas l’âge. De mon point de vue, sûrement, je vois les choses de façon moins passionnée».
Pour beaucoup, le règlement de la question du fait colonial, par les Français eux-mêmes, serait un pas important vers l’instauration de relations rénovées entre Alger et Paris.
D’autant que Nicolas Sarkozy avait, lors de sa visite en Algérie fin 2007, dénoncé le système colonial, qu’il a qualifié «d’injuste par nature».
Il a, cependant, écarté l’idée d’une repentance officielle de la France. Dans les milieux politiques à Paris, on estime cependant que la présence du Président Bouteflika au sommet France-Afrique est déjà une avancée notable vers le dégel des relations entre les deux pays, et que maintenant, c’est au président français de faire un geste sérieux de décrispation pour débloquer les relations algéro-françaises, même si, au niveau économique, l’Algérie reste le premier client et partenaire commercial de la France, devant le Maroc et la Tunisie.
Yazid Alilat