L’émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, s’adressera aujourd’hui au Conseil de sécurité de l’ONU
Au moins cinq enfants ont péri hier dans les raids aériens et les tirs de l’armée en Syrie, à quelques heures d’une intervention du médiateur international Brahimi devant le Conseil de sécurité de l’ONU.
L’aviation syrienne a frappé en plein coeur d’Alep, la métropole du Nord, tuant au moins cinq personnes dont trois enfants d’une même famille et aplatissant des bâtiments, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH, basé en Grande Bretagne). Cette deuxième ville du pays est depuis plus de deux mois le théâtre d’une bataille acharnée entre soldats et rebelles.
Ce nouvel épisode sanglant intervient à quelques heures d’une intervention de M.Brahimi devant le Conseil de sécurité pour l’informer de ses entretiens le 15 septembre avec M.Assad, lors de sa première mission à Damas depuis sa prise de fonction le 1er du mois. L’émissaire de l’ONU a affirmé à maintes reprises que sa mission était «très difficile» et qu’il n’avait pas de plan précis pour mettre fin à la guerre qui a fait des milliers de morts depuis mars 2011. M.Assad lui avait d’ailleurs signifié qu’il ne comptait pas arrêter sa guerre contre les terroristes, tandis que les rebelles lui avaient dit que le régime ne tomberait que «par la force».
Le patron de l’ONU Ban Ki-moon a espéré que M.Brahimi proposerait bientôt «une stratégie» de sortie de crise, mais des diplomates ont assuré que «pour l’instant, le sort de la Syrie ne se décide pas à New York mais sur place, par les armes». Les combats et les bombardements continuent en effet de faire rage à travers le pays. Le raid meurtrier à Alep a visé deux immeubles dans le quartier de Maadi dans le centre historique de la ville où sont retranchés de nombreux rebelles. Une vidéo postée sur YouTube montre les ruines d’un immeuble complètement aplati, les militants affirmant que des «familles entières» y résidaient. Ces faits et cette vidéo ne peuvent être vérifiés de manière indépendante. Une fillette a aussi péri dans des raids aériens sur un autre quartier d’Alep, selon l’OSDH, et l’armée a bombardé à l’artillerie d’autres secteurs de la ville, selon un correspondant de l’AFP. Les combats et les bombardements ont en outre secoué des quartiers de Damas, où l’armée a rasé trois maisons, des environs de la capitale, Deir Ezzor (est), Homs, Hama, (centre) ou encore Deraa (sud), où une enfant de cinq ans a été tuée. Ce conflit sanglant, déclenché en mars 2011 par une contestation qui s’est transformée en rébellion armée, sera au coeur d’une série de réunions en marge de l’Assemblée générale qui s’ouvre aujourd’hui à l’ONU, mais sans grand espoir d’un déblocage.
«Etrangement, tout le monde pensera à la Syrie, parlera de la Syrie, mais on ne prévoit aucune décision», commente un diplomate. Face à l’impasse diplomatique, les belligérants sont prêts à se battre jusqu’au bout. Samedi, les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) ont transféré leur commandement de Turquie vers une région non précisée de Syrie. La rébellion, minée par les rivalités, tente de resserrer ses rangs face à l’émergence de nombreux groupes extrémistes qui se réclament de l’ASL mais agissent en électrons libres. A Damas, une vingtaine de partis de l’opposition intérieure et proche de la Russie ont appelé de nouveau les protagonistes à cesser les combats et la tenue d’une conférence internationale en vue de l’instauration d’un régime «démocratique» et «pluraliste».
Au Liban voisin, la crise syrienne continue de provoquer des remous, avec un groupe islamiste s’insurgeant contre l’arrestation par les autorités de cinq Syriens non armés dans l’est.