De nouveau, Alger et les autres villes du pays capteront, demain, les regards des observateurs pour voir si la mobilisation populaire sera au rendez-vous. Cette dernière action pendant ce mois de Ramadhan, réussira-t-elle à drainer les grandes foules ? Logiquement, oui. Surtout que, durant les 3 derniers vendredis, la faim et la soif n’ont pas dissuadé les Algériens de descendre dans la rue pour réitérer leurs revendications. En outre, la marche des étudiants a été, quoi qu’on dise, une réussite puisque ces derniers ont massivement manifesté malgré le dispositif policier fort remarquable.
Et comme les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets, il est fort à parier que les villes algériennes résonneront encore, ce vendredi 31, des clameurs de foules en colère. Et ce sera, quelque part, une gifle pour ceux qui ont misé sur l’essoufflement du mouvement durant le Ramadhan. Maintenant que la présidentielle du 4 juillet est quasiment disqualifiée, il sera intéressant de voir quels nouveaux mots d’ordre, autres que ceux réclamant le départ des 2B et, plus globalement, le changement du système, seront repris par les manifestants. Question : les slogans hostiles au patron de l’armée seront-ils scandés ce vendredi comme c’était le cas lors des deux derniers vendredis ? Difficile de présumer de quoi que ce soit même si l’attachement du vice-ministre de la Défense à une solution dans le cadre d’une Constitution que d’aucuns estiment dépassée, pourrait bien lui valoir d’autres volées de bois vert.
Autre inconnue : quelle sera la réaction de la rue à l’offre de dialogue inclusif formulée, mardi 27 mai depuis Tamanrasset, par le chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah ? Cette proposition aux contours quelque peu flous sera-t-elle rejetée comme c’était le cas avec la présidentielle du 4 juillet ? Sauf à se perdre en conjectures, là aussi, il n’est pas aisé de formuler une réponse. Il reste que des partis comme le MSP qui s’est dit, jusqu’ici, avec les revendications de la rue et favorable à une transition démocratique, s’est montré favorable à l’offre de Gaïd Salah tout en posant ses conditions. Idem pour le parti d’Ali Benflis, qui, samedi 25 mai déjà, a appelé de ses vœux à “l’ouverture d’un dialogue avec des interlocuteurs ‘crédibles qui recueillent l’assentiment populaire’ afin de dégager, dans les meilleurs délais, une solution politique ‘consensuelle’”.
Mais d’autres partis, comme le FFS ou le RCD, ont rejeté la proposition du chef d’état-major de l’ANP. “Exclure d’autorité toute idée de transition qui tourne la page de l’autoritarisme relève d’un hold-up sur la mobilisation et la souveraineté du peuple en lutte”, a remarqué le RCD. Pour sa part, le parti dirigé par Ali Laskri a estimé que la proposition du patron de l’armée “ne vise qu’à pérenniser le système actuel, les participants étant appelés à simplement cautionner une démarche déjà décidée par le régime”. Aussi, l’accueil que réserveront les manifestants lors des marches du vendredi 31 mai à l’offre de Gaïd Salah ainsi que l’étendue de la mobilisation seront déterminants pour la suite des événements.
Arab Chih