C’est demain que la révolution du peuple marquera son 19e acte. Ce vendredi sera un moment de consolidation de l’immense acquis du mouvement du 22 février : l’unité d’action pour le changement démocratique du système. Ni les menaces ni les manœuvres et les tentatives de division n’ont réussi à détourner le cours de cette révolution pacifique, qui suscite l’admiration du monde entier. L’annulation du 5e mandat, suivie de la démission de Bouteflika, le départ de plusieurs symboles du régime, la libération de la parole, l’annulation de l’élection présidentielle du 18 avril, puis du 4 juillet sont, entre autres, les acquis arrachés par le soulèvement populaire. Les Algériens n’entendent pas s’arrêter en si bon chemin.
Demain, ils comptent réaffirmer leur engagement à en finir avec un système qui a mis le pays en coupe réglée depuis l’indépendance nationale. Le rejet de la solution constitutionnelle, qui n’est plus possible d’ailleurs, même si le régime insiste à tort sur son actualité, sera, à coup sûr, plus fort en ce 19e vendredi de mobilisation populaire. Les Algériens sortiront plus nombreux, après avoir déjoué les manœuvres qui ont vainement tenté de diviser leur mouvement. Ce 19e acte du soulèvement citoyen sera donc une réponse à tous ceux qui ont tenté de briser l’élan révolutionnaire né en février dernier.
Le peuple démontrera, comme il l’a fait vendredi dernier, que rien ne pourra venir à bout de sa cohésion et de sa volonté d’aller de l’avant pour le démantèlement du système. Les arrestations pour port du drapeau amazigh et l’incarcération des manifestants seront aussi au cœur des manifestations de ce vendredi. Des répliques solidaires seront opposées aux tentatives de diabolisation du fait amazigh, reconnu pourtant dans la dernière Constitution, à laquelle se réfèrent, singulièrement, ceux qui ont pris le relais du pouvoir.
La mobilisation sera forte pour réclamer la libération d’une vingtaine de manifestants accusés d’“atteinte à l’unité nationale” et mis sous mandat de dépôt. Sur les réseaux sociaux, les appels au port du drapeau amazigh se multiplient. L’exigence de libération des détenus d’opinion sera également réaffirmée par la rue. Depuis les arrestations de vendredi écoulé, plusieurs manifestations de soutien ont eu lieu. Hier, les avocats ont manifesté pour réclamer la libération des détenus et plaider pour l’indépendance de la justice. Dans leur slogan, ils ont dénoncé “le recul” des magistrats dans leur engagement à rester aux côtés du peuple. La promesse non tenue des magistrats est aussi soulevée par la blogosphère nationale.
Mohamed Mouloudj